Réponse apportée le 11/08/2006 par PARIS Bpi – Actualité, Art moderne, Art contemporain, Presse
Bonjour,
Voici les références d’un ouvrage qui traite de votre sujet.
Auteur : Gross, Michael
Titre : Top model : les secrets d’un sale business
Éditeur : Paris : A contrario, 1995
Description : 469 p.-pl. ; 25 cm
ISBN 2-910863-02-6
Résumé : Une enquête sur l’univers de la photo de mode et des mannequins
Autrement sur Intrernet on trouve de nombreux articles polémiques, dont ce commentaire rédigé par un enseignant autour du film : « Frankie, l’impitoyable univers de la mode »
Frankie : profession mannequin ou l’envers d’un monde de strass, de flashes et de gloire… éphémère. À travers la déchéance d’une jeune femme de 26 ans, un tableau sans complaisance de l’univers de la mode.
La détresse de Frankie, mannequin en fin de carrière.
À 26 ans, Frankie est un mannequin en fin de carrière. Certes, le travail ne manque pas encore, mais les signes ne trompent pas : les contrats sont plus difficiles à décrocher, les photographes plus odieux, les couturiers plus exigeants. Aussi les doutes, l’angoisse, la solitude commencent à envahir cet ange blond qui déchoit lentement… jusqu’à l’internement en clinique psychiatrique pour tenter de se reconstruire. Face à quelques rares proches désemparés, seul Tom, le chauffeur qui l’accompagnait dans ses déplacements, parvient à lui fournir un peu de réconfort…
À voir au lycée en économie-sociologie pour l’image d’un univers professionnel.
Frankie
Un film de Fabienne Berthaud
Durée : 1 h 30 min
Sortie le 1er mars 2006
En savoir plus sur le site du distributeur
www.mk2.com/
Pistes pour la classe
Une définition du mannequinat
On réfléchira à la polysémie du mot « mannequin » (statue articulée pour artiste, objet d’étalage, personne sans caractère ou dénuée de vie, etc.) et à sa synonymie (modèle, cover-girl, pin-up). Le film ne cherche pas à rendre le milieu de la mode totalement sombre. On dira qu’il s’intéresse surtout au lent processus qui conduit à la rupture en suggérant notamment la désorientation du personnage principal sans cesse en mouvement (d’un studio à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un appartement à l’autre), la fatigue des voyages, les attentes entre deux poses, les temps interminables de préparation, avec cet impératif inhérent au métier : être jolie et souriante pour inspirer bien-être et vitalité. On notera la quasi-contradiction entre les conditions de travail et le résultat attendu. On commentera la dialectique du montage alterné (vie et courage du mannequin/internement et atonie de Frankie) qui confronte ostensiblement les causes et les conséquences de la destruction de la protagoniste.
Un milieu professionnel brutal
Frankie révèle aussi la cruauté d’un milieu impitoyable qui repose sur deux conditions éphémères et irréductibles : la beauté et la jeunesse. On analysera la scène avec le couturier qui se moque de l’âge et du corps de Frankie quasi sommée de perdre deux kilos pour décrocher le contrat (mise en danger de sa santé). On notera que la question tyrannique du poids, plusieurs fois évoquée dans le film, pose le problème de l’anorexie, vécue et montrée ici comme une violente contrainte professionnelle. Nous soulignons à l’attention des jeunes filles qui font l’amalgame entre phénomène de mode (le vêtement) et processus d’identification physique (le corps).
On commentera cette autre séquence insupportable où un photographe capricieux passe sa colère sur Frankie. Laquelle, humiliée et accusée de « ne rien donner » d’elle, décide de quitter la séance. Outre l’incitation à la réaction (pour recouvrer sa dignité), cette scène durant laquelle Frankie ne sait pas ce que le photographe attend d’elle invite à la réflexion sur le métier de mannequin et la photographie de mode. Au cœur de ce théâtre de sens (mythifiant rapport signifiant/signifié), la « porteuse de vêtement », comme disait Barthes in Système de la mode, donne vie au vêtement, participe à la définition des canons physiques et esthétiques, stimule l’imaginaire, suggère l’équilibre physique et moral, véhicule une certaine idée de l’être élevé au rang d’icône… Or, sur quelles valeurs repose le mannequinat, monde du faux et de l’éphémère par excellence ?
Un métier de dupes
On expliquera qu’à l’inverse de la plupart des métiers, l’âge du mannequin devient un obstacle insurmontable pour sa carrière. Autrement dit, dans ce métier qui ne repose sur aucune compétence particulière, l’expérience n’est pas ou peu valorisée. Seule la notoriété (très aléatoire) fait la valeur du travail. Or, quand sonne le glas de sa fulgurante carrière, le mannequin, ayant débuté très tôt (vers 15-16 ans) et ayant vécu son adolescence (période de construction de l’être) dans cet univers artificiel et superficiel, n’est guère préparé à la perte de son emploi. Face à cela, Frankie manque cruellement de repères (pas d’adresse propre, seules présences désemparées de Suzy, la tenancière de la villa de mannequins, et du patron de l’agence de Frankie, absence des parents et d’amis). On soulignera la solitude qui caractérise Frankie dans ce milieu qui cultive les apparences et les faux-semblants. On réfléchira à sa fragilité et à sa difficulté de communiquer face au psychiatre de la clinique, médium de l’espace du possible et de la vérité des sentiments, mais aussi ultime rempart (avec Tom) contre la désillusion et sa cohorte de funestes pensées.
Philippe Leclercq
Professeur de lettres
source : www.cndp.fr/Actualites/eleve/cine/C20060301.htm
Pour l’aspect anorexie, voici les coordonnées d’un article du Courrier international :
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=66416
et également
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=66416
Cordialement,
Eurêkoi
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