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Sociologie : Quelles sont les pratiques de rencontres chez les musulmans en France ?

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    Bibliothèque publique d’information – notre réponse actualisée le 28/12/2021.

    couple faisant un selfie © August de Richelieu/ Pexels



    Provoquer / organiser / des rencontres amicales ou sentimentales est une démarche incontournable pour mettre en relation des individus et des célibataires cherchant à élargir leurs connaissances et relations. 
    Comment cela se passent-ils pour les personnes de confessions musulmanes en France ? 
    Leurs pratiques de rencontre sont-elles différentes ? Si oui, en quoi ?
    Focus sur les enquêtes et recherches en sociologie sur ce sujet.

    Les pratiques de rencontre des personnes de confession musulmane

    Enquête sur le mariage et les modes de rencontres chez les Musulmans par IFOP, le 13/12/2010.
    Extrait :
    « Les sites de rencontres communautaires connaissent un succès grandissant en France comme à l’étranger. Afin de mieux comprendre les ressorts de l’engouement pour ces
    sites spécialisés, l’Ifop a mené la première grande enquête sur le sujet auprès d’un échantillon représentatif de 500 musulmans vivant en France. Réalisée pour le compte d’Inchallah.com, site de rencontres pour musulmans, cette étude confirme leur attachement au mariage tout en battant en brèche certaines idées reçues sur leur rapport aux traditions mais aussi à de nouveaux modes de rencontre tels que les sites Internet communautaires.
    »

    Si l’amour rend aveugle, la religion lui redonne la vue : Homogamie sociale et homogamie religieuse chez les catholiques et les musulman·es en France par Marion Maudet, Revue Sociologie, [Online], N° 3, vol. 12, 2021.
    Pour cet article, ont été utilisées les données de l’enquête Étude des parcours individuels et conjugaux de Wilfried Rault et Arnaud Régnier-Loilier (EPIC : Etude des parcours individuels et conjugaux, Ined-Insee, 2013-2014) et les entretiens semi-directifs. 
    Extrait :
    « Qu’en est-il du rôle de l’appartenance religieuse et de la religiosité dans la mise en couple ? D’après les données de l’enquête EPIC, si on constate peu de différences entre les sexes dans la hiérarchie des lieux de rencontre, certains sont en revanche fortement associés à la religiosité des individus pour les personnes musulmanes, tandis qu’ils sont peu clivés parmi les catholiques. »
    (…)
    « Bien plus largement, toutefois, les musulman·es rencontrent leur partenaire au sein de la sphère familiale : la famille est en effet citée par 21 % des femmes musulmanes affirmées et 31 % des hommes musulmans affirmés, alors que ce lieu n’est cité que par 6 % des femmes et 4 % des hommes catholiques affirmé·es, ainsi que par 2 % des femmes et 3 % des hommes sans religion. La surreprésentation des cadres familiaux de rencontre témoigne de l’importance des sociabilités et des stratégies familiales pour les personnes musulmanes dans la rencontre de leur partenaire, pour les femmes comme pour les hommes. (Cf.Tableau)
    Ce résultat contraste avec les conclusions de l’étude : La découverte du conjoint de M. Bozon et F. Héran (1987) à l’égard de l’affaiblissement de l’implication familiale dans les rencontres sentimentales. 

    Premier lieu de rencontre du/de la partenaire actuel·le selon le sexe et la religiosité parmi les 26-45 ans (en %)

    Pourquoi les sites de rencontres favorisent un entre-soi sociologique par Florence Morel, lesinrocks.com, le 13/04/2017.
    Extrait :
    « Et si les sites de rencontres favorisaient l’entre-soi des élites? C’est le postulat de l’émission Clubs fermés sur internet dans Les Nouvelles vagues sur France Culture du 12/04/2017.
    « Ils étaient faits pour se rencontrer. » La voix faussement enjouée de Michelle Laroque imite une présentatrice d’émission télévisée des années 1980, Tournez manèges. Durant le programme, des inconnus se rencontraient avec pour ambition de trouver l’âme sœur. Aujourd’hui, ce n’est plus à la télévision que des inconnus se mettent en relation, mais sur internet. Meetic, Attractive World, Tinder.
    Autant de sites et d’applications qui laisseraient penser que n’importe qui peut avoir un rendez-vous avec un parfait inconnu, aux origines socio-culturelles très différentes. »
    Marie Bergström, docteure en sociologie, membre du comité éditorial de la revue RESET dédiée aux recherches en sciences sociales sur Internet, auteure d’une thèses sur les sites de rencontres. Elle analyse notamment les phénomènes d’élitismes numériques et d’homogamie sociale que ces plateformes mettent en place.


    Les pratiques de rencontre aujourd’hui

    Le 21/12/2020, l’Ifop (Institut français d’opinion publique) publiait les résultats du sondage : Le confinement a-t-il accéléré la digitalisation des rencontres ?
    On y découvrait, les effets du confinement sur la vie des célibataires : numérisation accrue des échanges amoureux et baisse de l’activité sexuelle.
    Extrait :
    « Les Français.e.s ont tendance à recourir de plus en plus au numérique pour rencontrer de nouvelles personnes. Ils/elles étaient 26% en 2018 à s’être inscrit.e.s sur un site ou une application de rencontre au cours de leur vie, contre 31% en octobre 2020 (+ 5 points en moins de 2 ans), soit plus d’un Français sur 3.
    Si cette fréquentation a presque doublé en 10 ans (+ 15 points depuis 2011), on note que la croissance a surtout progressé ces derniers mois avec l’effet du confinement : +2 points en 6 mois entre janvier et octobre 2020. »

    Les nouvelles lois de l’amour : sexualité, couple et rencontres au temps du numérique
    Marie Bergstrom, Éditions La Découverte, 2019.
    Extrait de la 4ème de couverture :
    « Si les caractéristiques les plus spectaculaires de ces infrastructures numériques – dont la masse des inscrits, la mise en scène de soi et les modalités de choix – modifient la conception que l’on se fait de l’amour au XXIe siècle, le vrai bouleversement réside dans le fait que les rencontres se déroulent désormais en dehors, et souvent à l’insu, des cercles de sociabilité habituels.
    À partir de données inédites et à travers une enquête extensive, auprès des usagers mais aussi du côté des sites et de ceux qui développent ces « nouvelles lois de l’amour », Marie Bergstrom bouscule la vision qu’on se fait du sexe, du célibat, du couple, de l’endogamie sociale, de la séparation, du coup d’un soir, de la cristallisation sans lendemain ou du coup de foudre appelé à durer…
    »
    Marie Bergstrom est sociologue, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (Ined).

    En 2019, la journaliste Judith Duportail a sorti un livre intitulé L’amour sous algorithmes dans lequel elle révèle un brevet secret de l’application Tinder, qui utiliserait ce qu’on appelle le Elo Score

    « L’amour sous algorithme » les secrets de Tinder
    Chaîne YouTube France24
    Mis en ligne le 18/04/2019

    Sites de rencontres : tous les utilisateurs ne sont pas égaux par Fabienne Pasau, rtbf.be, le 01/06/2021.
    Extrait :
    « Ce sont des algorithmes que tous les services utilisent en fait, explique Marie Bersgtröm. Toutes les applications de rencontre interviennent pour faire matcher les personnes, effectuent en quelque sorte une médiation. Les rencontres ne se font donc pas par hasard. »

    Sites de rencontres et amours numériques par Chroniques critiques : Zones subversives, le 01/08/2019.
    Extrait :
    « Les frontières sociales se sont déplacées, sans pour autant disparaître. Internet n’est pas une grande ouverture du champ des possibles. Les sites de rencontres ne permettent pas de sortir de l’homogamie. Les partenaires sont issus des mêmes milieux sociaux. L’évaluation des « profils d’utilisateur », l’échange écrit et la rencontre physique deviennent les étapes indispensables. À chacun de ces moments interviennent des jugements et des mécanismes de sélection, à partir de critères différents selon les classes sociales.
    Dès la photo de profil, les utilisateurs doivent rentrer dans le cadre de la normalité et du conformisme. Le profil doit correspondre à des codes sociaux. Des esthétiques divergentes reflètent des espaces et des conditions de vie différentes. Les classes populaires privilégient les selfies depuis leur domicile. Les classes favorisées se mettent en scène dans une activité, au café, en vacances ou avec un instrument de musique. Ces grands efforts visent à produire des effets de spontanéité. Les textes écrits reflètent également les clivages sociaux. Références culturelles et jeux de mots révèlent que les classes supérieures veulent se distinguer de la masse des inscrits. Le choix des profils impose un tri et une rationalisation de la rencontre.
    »
    Chroniques critiques : Zones subversives est un journal en ligne indépendant qui propose un renouvellement de la réflexion critique, loin de tout conformisme intellectuel. 


    Eurêkoi – Bibliothèque Publique d’Information



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