Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 19/10/2020.
Certains parlent du «poids de l’âme», comme s’il s’agissait d’une partie du corps (c’est même devenu le titre d’un film d’Alejandro Gonzalez Inarritu, sorti en 2004, 21 grammes).
Pour d’autres c’est une réalité invisible et immatérielle…
Mais qu’est-ce que l’âme, en fait ?
Âme : définition (s)
Pour une première approche, cette définition de Wikipédia :
L’âme (du latin anima, « souffle, respiration ») est le principe vital et spirituel, immanent ou transcendant, qui animerait le corps d’un être vivant (humain, animal), et selon certains philosophes antiques d’un végétal.
Les représentations symboliques de l’âme sont nombreuses, ainsi que les croyances à son sujet.
Source : Article – âme, Wikipédia, l’encyclopédie libre.
Dicophilo est un projet de dictionnaire de philosophie en ligne, gratuit et sous licence libre. Il propose un dictionnaire des concepts philosophiques à l’usage des élèves, des étudiants de philosophie ou de tout public intéressé.
Dicophilo propose, ainsi, une définition de l’âme :
Extrait :
L’âme est rattachée à l’idée de vie. L’âme est ce qui produit et explique la vie. Un être sans âme n’est pas vivant. Il est in-animé, c’est-à-dire sans âme (du latin anima). Cette conception se rencontre dès l’Antiquité et reste présente jusqu’au XIXe siècle. L’âme est ce qui distingue le vivant de l’inerte.
Différentes définitions et emplois du terme « Âme » sont présentés par le TLFi (Trésor de la Langue Française Informatisé) qui est la version informatisée du Trésor de la langue française (TLF), un dictionnaire des XIXe et XXe siècles en 16 volumes.
« ÂME », par Pierre CLAIR, Henri Dominique SAFFREY, Encyclopædia Universalis [en ligne], consultée le 19 octobre 2020.
Extrait :
Dans le monde occidental, la notion d’âme s’est constituée lentement et ne remonte pas à la nuit des temps. On peut suivre les étapes qui jalonnent l’émergence d’un principe spirituel du vivant et qui aboutissent à sa justification philosophique par Platon et Aristote. Souvent remise en cause dans les écoles postérieures au profit de théories matérialistes ou mécanistes de l’âme, mais reprise avec éclat par le néo-platonisme, cette notion de l’âme a trouvé dans le judéo-christianisme son achèvement.
Approches religieuses :
Dans la religion chrétienne
En partenariat avec «Croire», le Père Michel Souchon, jésuite, répond à une internaute et lui propose des éléments de compréhension sur la nature de l’âme.
Qu’est-ce que l’âme ? par P. Michel Souchon, jésuite, lacroix.com, le 25 février 2015.
Croire.com est un site internet chrétien dédié au plus grand nombre, et répond aux grandes questions de vie et de foi de ceux qui s’intéressent au christianisme.
Dans la religion musulmane
La vision musulmane de l’âme, par l’Imam Abdallah, Overblog le 04 novembre 2010.
Extrait :
Dans l’islam l’âme est insufflée dans le corps humain à 120 jours à partir de sa conception.
Dieu envoie l’ange pour insuffler l’âme dans l’embryon conformément à ce qui a été rapporté dans un récit authentique d’après le compagnon Abd Allah ibn Massoud : « le Messager le très véridique nous a dit que l’un de vous est constitué dans l’utérus de sa mère pendant 40 jours. Et puis, il se transforme en caillot de sang pendant le même laps de temps. Et puis il devient un fœtus pendant le même laps de temps. Et puis on envoie l’ange pour lui insuffler une âme et l’on donne à l’ange l’ordre d’écrire quatre mots concernant sa subsistance, le terme de sa vie, son œuvre et son sort : sera-t-il heureux ou malheureux. » (Hadith authentique rapporté par l’imam Bukhâri et l’imam Mouslim)
Dans la religion hindoue
« ĀTMAN », par Michel HULIN, Encyclopædia Universalis [en ligne], consultée le 29 octobre 2020.
Extrait :
La notion d’ātman est une des notions clés de la pensée indienne, une des plus anciennement attestées aussi. Sa signification première a sans doute été celle de « souffle vital » (en allemand : Atem). Eu égard à son usage comme pronom réfléchi, à l’accusatif, en sanskrit, l’habitude s’est prise de la rendre par « Soi » (en anglais : Self ; en allemand : Selbst). Sa grande originalité, par rapport aux conceptions grecques et occidentales en général, est de revêtir, au moins dans certains contextes, une signification à la fois personnelle et transpersonnelle ou cosmique, comme si l’âme individuelle pouvait être en même temps l’âme du monde.
Sélection d’ouvrages
De l’Âme
Aristote, Gallimard, 1994.
Disponible à la Bpi
Résumé : De l’âme est un traité d’Aristote qui représente l’un des premiers ouvrages de psychologie et de théorie de la connaissance.
Qu’est-ce que l’âme ? Est-elle immortelle ? Quels sont ses rapports avec le corps ?
Ce traité est considéré comme la première œuvre systématique de psychologie et de théorie de la connaissance.
Dans le traité De l’âme, Aristote désigne de « cette sorte d’âme qui n’existe pas indépendamment de la matière » (I, 1, 403 a 28) et qui, à la différence de l’âme immatérielle ou intellect (noûs), n’est autre que le principe vital, caractéristique non seulement de l’homme, mais de tout être vivant.
Il voit dans l’âme la forme du corps, donc liée à lui et disparaissant avec lui.
Traité de l’âme, traduit en français pour la première fois et accompagné de notes perpétuelles par R J. Barthélemy-Saint-Hilaire, membre de l’Institut et professeur de philosophie grecque et latine au Collège royal de France.
Disponible en ligne, via le site de L’antiquité grecque et latine Du moyen âge de Philippe Remacle.
Héritier de Socrate, Platon organise sa doctrine en une véritable psychologie. Mettant en scène son maître dans la prison au moment où il va mourir, il saisit cette occasion dans le Phédon ou sur L’âme, pour enseigner la vraie nature de l’âme et les arguments qui fondent son immortalité.
Phédon
Platon, Flammarion, 1991.
Disponible à la Bpi
Emmanuel Kant (1724-1804), philosophe allemand va rejeter la notion de métaphysique comme science, car étant basée sur l’expérience, elle ne peut être ni objective ni fondée sur des principes absolus.
Cependant, la métaphysique peut être utile pour analyser l’homme et ses relations à Dieu, l’âme, et plus globalement le domaine de la morale.
La critique de la raison pure
Kant, Flammarion, 2006.
Disponible à la Bpi
Résumé :
La Critique de la Raison pure est l’ouvrage fondamental de Kant, publié en 1781, dans lequel il analyse les différentes facultés de l’esprit, afin d’établir que notre connaissance ne saurait dépasser les limites de l’expérience.
Il entreprend de montrer que la métaphysique ne peut représenter une vraie science et qu’elle doit laisser place à la croyance.
Source :
Résumé proposé par Cyril Arnaud, fondateur du site Les-Philosophes.fr
Pour aller plus loin…
Approches critiques
La « définition » aristotélicienne de l’âme, par Dominique Demange, Le Philosophoire, 2003/3 (n° 21), p. 65-85.
Extrait :
Qu’est-ce que l’âme ? À cette question, Aristote avoue d’emblée ne pas savoir répondre, et doute même qu’on puisse y répondre de façon satisfaisante. Nul doute, en revanche, que l’âme existe. Elle existe pour de multiples raisons, celle-ci d’abord que toute chose dans la nature a son principe — « la nature ne fait rien en vain » ; si le vivant existe, c’est donc en vertu d’un principe propre de la nature, principe qu’au temps d’Aristote on appelait ???? — le souffle, l’âme. (…)
Pour ces raisons, et bien d’autres, il y a de l’âme. Mais ce qu’elle est, Aristote doute de le savoir ; et s’il se voit obligé, à un certain stade de sa réflexion, de proposer une « définition »(…).
L’âme et ses facultés d’après Aristote par le Dr Clodius Piat, In: Revue néo-scolastique. 9ᵉ année, n°34, 1902. pp. 153-172.
Extrait :
Il y a quatre espèces de mouvements : la translation, l’altération, la diminution et l’accroissement ; et c’est dans l’espace que tous ces mouvements s’accomplissent. Si donc le propre de l’âme consiste à se mouvoir de l’un quelconque d’entre eux, il faut aussi qu’elle soit dans l’espace ; il faut qu’elle y soit par elle-même, non par accident : ce qui semble tout à fait contraire aux données de l’expérience intime.
L’âme n’est pas dans l’espace à la manière d’un corps ; elle n’y est pas en vertu de son essence : elle ne s’y trouve que grâce à l’organisme dont elle a pris possession (…)
Penser l’âme après Kant par Lemaître Jean-Christophe, Archives de Philosophie, 2014/4 (Tome 77), p. 563-566. Consulté le 19 octobre 2020.
Le concept d’âme a-t-il un sens ? par Henry Michel, in: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, tome 64, n°81, 1966. pp. 5-33. Consulté le 19/10/2020.
Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information
www.bpi.fr