Bibliothèque publique d’information – notre réponse actualisée du 02/06/2023.
Né en 1944 et décédé en 1986, lors d’un accident de moto, Coluche était un humoriste et comédien français. Si l’on connaît Coluche surtout grâce à cet aspect de sa vie, il enchaîne ses dernières années entre carrière humoristique, courte carrière politique et création des Restos du cœur.
Mais qui était Coluche, de son vrai nom Michel Colucci? Pourquoi est-il si connu? Quelles ont été ses actions en France?
Retour sur une vie aux multiples aspects à travers des articles de presse des années 1980-1990.
Une carrière humoristique qui le propulse vers la célébrité
Coluche a commencé sa carrière en tant qu’humoriste en créant une troupe puis en lançant sa carrière en solitaire. Coluche a apporté au monde de la scène humoristique, une nouvelle façon de faire rire le public.
Coluche, bouffon de la République par Serge July, Libération, 20/06/1986
Extrait :
En toute occasion, Coluche affichait, manifestait une liberté phénoménale, que ce soit à la table de Giscard ou de Mitterrand, à la télé, sur scène, avec ses amis, ou dans le plaisir. Cette liberté, chacun sentait bien son caractère immense, quasiment illimité. C’était une liberté destructrice et séduisante, tendre et brutale, en tout cas une liberté difficile à accompagner, à suivre, tellement elle paraissait impraticable par tout autre que lui.
Un article plus récent explique justement cet aspect de renouveau de l’humour à l’arrivée de Coluche sur scène :
« Contrairement à Dieudonné, Coluche n’enferme pas » par Renaud Dely, Libération, 19/06/2006.
Extrait :
Dans le Schmilblick, il joue toute une série de figures de la société émergente. Et dans ses spectacles, il finit par mettre en avant le marginal : le Noir, le paumé, l’Arabe. Il parvient même à faire rire du pauvre. Bref, Coluche fait parler les victimes sans les enfermer dans leur statut de victimes.
Une courte carrière politique mais qui a fait parler
C’est en 1980 qu’il annonce sa candidature inattendue à la présidence avec pour slogan « Tous ensemble pour leur foutre au cul ». Cette campagne attisera la curiosité des français.
Coluche président !, par Jean-François Sirinelli, Libération, 12/01/1998
Extrait :
«C’est une élémentaire question de démocratie. Un citoyen représentatif d’un large courant d’opinion, comme il l’est, doit pouvoir s’exprimer en tant que candidat au cours des élections les plus importantes de la vie politique française.» L’appel indique aussi que cette candidature n’est pas une «intervention marginale ou de dérision
Il était une fois … Coluche, agitateur social, par Philippe Boggio, archives du Monde, publié le 16/06/1996 et modifié le 19/06/2022 (en accès restreint aux abonnés du Monde).
Extrait :
Pendant quelques semaines, à la fin de l’hiver 1981, il voulut se présenter à l’élection présidentielle. Encore un gag, une folie de plus, qu’entretenait son incroyable popularité parmi les classes moyennes. Mais un clown pouvait-il défier le roi à ce point ? Le roi défunt, ou le prétendant ? Coluche perturba un temps le jeu des partis, surtout à gauche, famille dont il se réclamait. La plaisanterie tourna court.
Une aide aux plus démunis : la naissance des Restos du cœur
Tout en restant politisé, il s’engage auprès des plus pauvres en créant les Restos du cœur en 1985, un an avant sa mort. Aujourd’hui, les Restos du cœur sont toujours en activité et sont de plus en plus importants en raison du contexte actuel.
Coluche père nourricier par Stein Sylviane, L’Express, du 03/01/1986
Extrait :
L’idée des « restaurants du cœur » a germé dans la tête de l’iconoclaste national après le succès du disque pour l’Ethiopie. Des milliers d' »enfoirés », comme il appelle tendrement ses auditeurs, lui avaient écrit pour dire que l’Afrique, c’était bien, mais qu’en France il y avait des chômeurs sans secours. Avec en mémoire la vision dramatique des sans-abri de l’hiver glacial de 1984-1985, qui avait contraint le gouvernement à investir 500 millions de Francs dans un plan d’urgence contre la pauvreté (doublé cette année).
Pour aller plus loin…
À voir : Portrait de Coluche
L’humour, un geste politique par Nelly Quemener, De ligne en ligne, 2018 (n°19), p.14-16.
Extrait :
Coluche, Thierry Le Luron, Pierre Desproges… autant de figures souvent évoquées avec nostalgie, comme pour rappeler un temps où les comiques se posaient en garde-fous des excès du « système » et des turpitudes des dirigeants. À travers eux, c’est tout un imaginaire de l’engagement politique qui se trouve activé : celui d’une attention portée aux affaires et aux débats publics.