Accueil » Humains et société » Société : Combien de prostituées le font de leur plein gré ?

Société : Combien de prostituées le font de leur plein gré ?

    Étiquettes:
    Étiquette :

    image_pdfimage_print

    Médiathèques de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg – notre réponse du 11/12/2015, mise à jour le 21/06/2022.

    En France, la prostitution n’est pas illégale mais recourir à ce service, c’est-à-dire être client, est répréhensible d’après la loi du 13 Avril 2016.
    Malgré cela, la prostitution continue de générer des revenus.
    Si légalement, une prostituée ne peut avoir de clients, elle n’en continue pas moins d’exercer le métier pour certaines raisons.
    La possibilité que ce soit par choix peut aussi être avancée par certaines personnes, mais qu’en est-il réellement ?

    Chiffres et sondages

    La situation de la prostitution en France
    Rapport réalisé par la FACT-S en Février 2021.
    Extrait :
    « Aujourd’hui, les services de police français et européens estiment qu’au moins 80% des personnes prostituées en Europe de l’Ouest sont des femmes migrantes, victimes de la traite des êtres humains*. »

    Les Français et la prostitution
    Sondage d’IPSOS réalisé entre le 11/01/2019 et 12/01/2019.
    On peut ressortir du sondage que 83 % des français pensent que « les personnes prostituées sont le plus souvent victimes de réseaux criminels, elles n’ont pas choisi librement leur activité ». Également, « pour près de 3 Français sur 4, seule une minorité de personnes prostituées ont fait librement le choix d’exercer cette activité ».

    La prostitution par pays sur le site de la Fondation Scelles.
    Extrait :
    « La proportion des victimes mineures est en forte augmentation. Pour l’OCRTEH, les mineurs représentent 15 % des victimes d’exploitation sexuelle identifiées en 2017. »

    Les chiffres clés de la prostitution
    Infographie datant de 2010 présent sur la page du ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.


    Quand la prostitution n’est pas un choix

    Chapitre 7. La prostitution, ce n’est pas un choix de Geneviève Duché et Hélène de Rugy dans :
    Violences sexuelles de Ernestine Ronai et Édouard Durand, Éd. Dunod, 2021.
    Extrait :
    « Brigitte raconte à propos des clients : « Beaucoup me demandaient pourquoi je faisais ça ; en général je disais que c’était un choix de vie… mais en fait les clients on ne s’y fait jamais. À chaque rencontre, c’est une blessure sur laquelle on remet du feu. » »

    La prostitution, des clichés à la réalité par la rédaction d’Humanité, 27/11/2013.
    Extrait :
    « Comment peut-on évoquer le consentement quand toutes les enquêtes prouvent que l’on entre dans la prostitution avant la majorité ? Et que ce consentement est obtenu par la violence exercée par les proxénètes ou par une emprise psychologique ? Quel choix libre pour la vingtaine de personnes prostituées rencontrées au colloque organisé par Esther Benbassa ? La plupart ont plus de soixante ans et n’ont même pas 700 euros pour vivre. »

    Le mythe de la prostitution heureuse est une imposture de Ginette Leroux sur L’aut’journal, 18/02/2011.
    Extrait :
    « On ne choisit pas de se prostituer. Les femmes s’y engagent à la suite d’une déception amoureuse, d’une dépression ou de sévices sexuels subis dans l’enfance qui entraînent une vulnérabilité affective qui se traduit par un besoin insatiable d’être aimées. La pauvreté joue également un rôle déterminant. »


    La précarité économique

    De l’argent facile au stigmate de la pute : une vie de prostituée par la rédaction de L’OBS, 15/11/2016.
    Extrait :
    « Pour payer le loyer de mon studio, les études et ses frais, j’ai fait la plonge et les vendanges, mais ça ne suffisait jamais. Un jour, en faisant du stop, un homme m’a proposé de l’argent contre « un service sexuel ». C’était de l’argent vite et « facilement » gagné. J’ai accepté. Je me souviens être rentrée chez moi, avoir pris une douche et m’être dit : « finalement, c’est rien ». »


    La dépendance aux stupéfiants

    Elsa : « Dire qu’on a été prostituée reste tabou. C’est une vérité violente à énoncer et à recevoir. » par Claudine Legardinier sur Mouvement du nid, 01/12/2015.
    Extrait :
    « Il faut que je sois une miraculée pour me relever des dépendances et du traumatisme que j’ai vécus. Je buvais, je me droguais à l’héroïne, au crack, à tout ce qui me tombait sous la main. Pour avoir la came, j’ai été prosti- tuée. Je croyais que je m’en foutais. Depuis trois ans, j’ai fait beaucoup de chemin. Aujourd’hui, j’ai des tas de projets, je vis l’exact inverse de ce que j’ai connu avant. Tout est constructif parce que j’ai pu trouver l’aide dont j’avais besoin. »


    La prostitution, choisie par certains

    La liberté de disposer de son corps

    La prostitution peut être un choix, reconnaît la Fédération des femmes du Québec par Giuseppe Valiante dans L’actualité, 29/10/2018.
    Extrait :
    « La fédération estime aussi qu’il faut «défendre, tant pour celles qui choisissent de vivre de la prostitution/l’industrie du sexe que pour celles qui veulent en sortir, leurs droits, à la sécurité, la santé, à l’autonomie, à la liberté d’expression et d’association et à des conditions décentes tant dans l’exercice de leur pratique que dans les autres sphères de leur vie». »


    Un métier qui n’est pas jugé dégradant par tous

    Des travailleuses du sexe nous parlent de l’importance de la simulation par Kathleen Wuyard sur Vice, 20/03/2020.
    Extrait :
    « « J’ai toujours eu envie de devenir p***. Déjà, quand j’étais petite fille, ce métier me faisait rêver. Je sais que ça va à l’encontre de ce que disent les abolitionnistes, mais moi, j’ai toujours été passionnée par le sexe, même enfant. Ce métier, c’est vraiment une vocation pour moi : j’ai toujours adoré lire, et à la cour de récré, je m’improvisais professeure de sexe pour les autres. Je suis une experte dans le domaine, et j’adore ce que je fais : être payée pour baiser et parfois même pour jouir, c’est carrément dingue non ? »

    Je me prostitue pour payer mes études et je ne trouve pas ça malsain de Julien Bv dans le NouvelOBS, 18/11/2016.
    Extrait :
    « Sur le papier, ça n’est pas foncièrement déplaisant, l’idée éveille en nous un petit fantasme de se faire mater dans nos ébats. Alors si en plus, on est payés pour ça, c’est le jackpot. On se dit que ça ne prendra pas, que personne ne va payer pour regarder deux mecs faire l’amour, mais très rapidement, les demandes affluent. Il faut croire que l’offre est exotique. »


    Pour aller plus loin…

    Voici quelques références d’ouvrages abordant le proxénétisme et la prostitution.

    Rapport mondial sur l’exploitation sexuelle : la prostitution au coeur du crime organisé / Fondation Scelles
    Yves Charpenel, Éd. Economica, 2012.
    Résumé :
    « Un état des lieux 2010 dans les principaux pays touchés par l’exploitation sexuelle, suivi des grands thèmes de ces pratiques, dont notamment la législation, le cybersexe, l’escorting, les événements sportifs, le tourisme sexuel. » ©Electre 2012

    La traite des êtres humains en France : de la victime idéale à la victime coupable
    Milena Jaksic, Éd. CNRS, 2016.
    Résumé :
    « Une enquête de terrain sociologique sur la traite des êtres humains en France, qui montre que ce sont souvent les victimes de l’exploitation sexuelle qui font l’objet d’une suspicion, en tant que femmes immigrées et prostituées. A la croisée des questions sexuelles, des migrations internationales et de la criminalité, l’étude interroge le statut improbable de victime coupable. » ©Electre 2016


    Sur la même thématique


    EurêkoiMédiathèques de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg



    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *