Les vacances scolaires telles que nous les connaissons n’ont pas toujours été organisées ainsi. Des préoccupations agricoles au tourisme de masse, leur découpage dans le temps a évolué au fil des ans. Les bibliothécaires du service Eurêkoi vous proposent de découvrir pourquoi les congés scolaires sont découpés ainsi.
Des vacances pour les travaux agricoles
Daniel Moatti, chercheur et auteur d’une Petite histoire des grandes vacances, rappelle qu’à l’origine, les vacances scolaires ont été créées afin de permettre aux populations rurales d’obtenir de l’aide de leurs enfants pour les vendanges ou les moissons. C’était ce qu’on appelait les vacances pour travaux agricoles.
« Au XIIIe siècle, les enfants qui allaient à l’école avaient congé pendant un mois. La date dépendait des travaux des champs : plutôt en août pour les régions de moissons, plutôt en septembre pour les régions de vendanges. »
Vacances d’été. Le zonage n’est pas une idée neuve. Ouest-France, Philippe Simon, 25/02/2013.
Selon André Rauch, dans son ouvrage Vacances en France de 1930 à nos jours, publié en 2001 chez hachete Littérature, sous la IIIe République, les congés scolaires sont libéralisés et harmonisés. Selon l’arrêté du 8 juin 1891, les vacances d’été durent désormais du 1er août au 1er octobre. En 1912, les vacances débutent le 15 juillet et leur durée passe de 8 semaines à 10 semaines. Les autres congés scolaires sont rythmés par le calendrier religieux. « La célébration des fêtes religieuses (Noël, Pâques, la Pentecôte, l’Assomption, la Toussaint) est imposée par l’Eglise. Noël ou Pâques servent de repères aux congés scolaires ; ceux-ci peuvent s’étendre avant ou après la célébration des fêtes. »
Les congés payés et l’apparition des zones
Avec l’instauration des congés payés et l’aisance économique des Trente glorieuses, les familles partent régulièrement en vacances :
« Dès 1960, la rentrée est avancée au 16 septembre et le début des grandes vacances est fixé au 28 juin en 1961. […] La population agricole étant encore importante, et la petite paysannerie ayant toujours besoin de l’aide des adolescents, la circulaire fixant le calendrier scolaire de l’année 1960/1961 précise qu’il est prévu des autorisations d’absences entre les 15 et 30 septembre […] aux enfants ayant au moins douze ans qui sont occupés aux travaux agricoles […] dans les départements viticoles compte tenu des travaux de vendanges ».
Petite histoire des grandes vacances. Daniel Moatti, Chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie, Mémoire, Identité et Cognition sociale.
A la même période, le zonage se met en place, d’abord avec deux zones, puis trois. Cette répartition étale la période des vacances d’hiver et de printemps sur quatre semaines au lieu de deux, et permet ainsi aux stations de ski, hôtels et autres prestataires touristiques d’accueillir tout le monde, tout en limitant l’engorgement du trafic routier.
Source : Connaissez-vous l’histoire des vacances scolaires ? Marie-Aude Bonniel, Le Figaro histoire, le 07/02/2020.
Noël et la Toussaint : des vacances familiales moins sujettes aux prestations touristiques
À l’inverse, les vacances de Toussaint et de Noël se déroulent sur la même période pour chaque zone. Noël est une fête familiale, un moment idéal de retrouvailles pour les réunions entre proches qui vivent dispersés à travers le territoire. De plus, ces vacances se concentrent sur deux évènements majeurs de l’année (Noël et le Jour de l’an), il serait difficile de décaler ces congés en 3 zones sans exclure une de ces journées. Les vacances de la Toussaint sont moins propices aux départs et peu sujettes à des prestations touristiques spécifiques (Neige, soleil …).
Pour finir, c’est l’Education Nationale qui fixe les dates des vacances scolaires par décret pour une période de trois années. Nous vous invitons à consulter son site qui propose le calendrier scolaire jusqu’à l’année 2025/2026.
Pour aller plus loin…
Une courte histoire des vacances de Nicolas Journet, Dans Sciences Humaines 2018/7 (N° 305).
Présentation : Villes désertées et plages bondées en été : la recette des vacances modernes n’est pas née en un jour. Son succès au 20e siècle résulte de l’heureux mariage d’une poignée d’ingrédients culturels, économiques et sociaux légués par l’histoire.
Non, les vacances scolaires n’ont pas été renommées par souci de laïcité de Marie Colmant et Antoine Krempf, Le vrai du faux, France Info, le 26/10/2017.
Présentation : Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Aujourd’hui, les noms des vacances scolaires, en référence à des fêtes chrétiennes.
Histoire des colonies de vacances : de 1880 à nos jours de Laura Lee Downs, Perrin, 2019.
Résumé :
Soixante millions de membres ! Aucun parti politique ni association culturelle ou religieuse ne peut rivaliser. En cent trente ans, les colonies de vacances ont accueilli l’équivalent de la population actuelle de la France. Et pourtant, leur histoire n’avait jamais été racontée jusqu’à ce que Laura Lee Downs plonge dans les archives. En ressort un livre qui balaie beaucoup de clichés : non, les colonies de vacances ne datent pas du Front populaire, mais de 1880 ; non, les municipalités ne furent ni pionnières ni seules à l’œuvre – les protestants d’abord, plus tard les catholiques avaient leurs colonies ; oui, les partis politiques s’y intéressèrent, mais pas seulement ceux de gauche, les Croix-de-Feu se montrèrent fort actifs. Ressurgit également ce qui a façonné la mythologie des « colos » : la découverte de la campagne et de la mer par des petits citadins ; une pédagogie originale valorisant l’initiative et l’esprit d’équipe, quitte d’ailleurs à favoriser l’embrigadement. Et surtout un état d’esprit si particulier qu’il est, dans la mémoire nationale, associé à l’image d’une « France d’avant » …
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