Des films historiques sur la musique

Le film d’Alain Corneau, fidèle au livre de Pascal Quignard, nous conte l’histoire de monsieur de Sainte-Colombe, violiste de la cour du roi Louis XIV. Cet homme reclus dans sa forêt avec ses deux filles va faire la rencontre de Marin Marais, un musicien ambitieux voulant être son élève. Nous sommes donc sur une dualité interprétée à l’écran par feu Jean-Pierre Marielle et Gérard Depardieu. Les caractères de ces deux personnages diffèrent tellement, d’un côté Sainte-Colombe passionné par sa musique mais qui se sent mieux loin de l’agitation de la cour, et de l’autre Marin Marais qui n’hésite pas à user de malice pour justement atteindre cette cour et obtenir cette notoriété. Une nette mais attrayante opposition, renforcée par le son de la viole de gambe.

Une histoire digne d’une tragédie grecque ! Jean-Baptiste Lully succombe à la gangrène sur scène et se rappelle ses moments en tant que musicien du roi et son lien avec le jeune Louis XIV. À ce duo s’ajoute un jeune meneur de troupe, apprécié par le frère du Roi : Molière. Le roi soleil, passionné d’art, et surtout de danse, éblouit la cour et s’en sert pour y asseoir sa domination. Le rôle, interprété magnifiquement par Benoît Magimel, captive et la mise en scène nous plonge dans l’atmosphère des bals et autres réceptions de cette époque, nous donnant envie de voir ces performances de nos yeux.

Ludwig van B., c’est la signature de Beethoven, celle qu’Anton Schindler retrouve sur un testament oublié, dédié à « l’immortelle bien-aimée » du compositeur… Mais qui est-elle ? L’originalité de ce biopic réside dans la révélation partielle de la vie et de la personnalité du maestro à travers des portraits de femmes uniques et pourtant complémentaires. De quoi totalement chambouler la réputation peu élogieuse du musicien, un homme qui, malgré sa célébrité, est demeuré en réalité particulièrement secret. Bernard Rose fait le choix de révéler au spectateur un visage méconnu de Beethoven, non pas en tant que génie musical, mais comme homme sensible et incompris, un visage que l’enquête menée par Schindler révélera peu à peu au grand jour.

Ici, Ken Russell nous dépeint l’histoire d’un pianiste Piotr Tchaïkovski, obligé de se marier pour cacher son homosexualité refoulée. Sa femme, frustrée par cette relation,  finit par devenir nymphomane. Cette situation provoque chez Piotr doute et désespoir. Il ne peut pas être lui-même, car les codes de la société de l’époque ne l’autorisent pas. Dans ce biopic, tout est fait pour que le rythme du film se cale sur la musique, les mouvements de caméra, le montage, les moments de silence. Ken Russell utilise brillamment les musiques de Tchaïkovski et le tempo effréné retient l’attention du spectateur. Le jeu des acteurs aide grandement à cela aussi, celui de Richard Chamberlain notamment qui ajoute du poids à la performance. L’œuvre est poignante, on se concentre sur son homosexualité et des pressions sociales qu’il subit. Ce film est logiquement classé parmi les meilleurs biopics sur des musiciens.

Joachim Dallayrac, un chanteur lyrique reconnu, vient de prendre sa retraite. Il devient enseignant de chant pour Sophie, la nièce de sa femme une jeune chanteuse prometteuse. Il va la prendre sous son aile, elle sera sa seule élève jusqu’à ce qu’il découvre le talent de Jean, un délinquant doté d’une voix sublime. C’est un signe, il doit en faire son élève, Joachim se retrouve donc avec ces deux jeunes à entraîner pour le concours lyrique organisé par son éternel rival, le prince Scotti. Le film de Gérard Corbiau joue sur le syndrome du sauveur, le tuteur charismatique découvrant un talent en bas de l’échelle sociale et le faisant découvrir à tous. Le support du chant lyrique fonctionne parfaitement avec ce cadre. L’histoire entre Sophie et Jean est également intéressante à suivre, car ce sont deux mondes qui s’affrontent et se réunissent. Bien évidemment, pour un film musical, la bande son est très efficace et la présence de vrais chanteurs ajoute un poids sur la crédibilité de l’œuvre. Pour les fans de la série Caméléon, on retrouve l’acteur Patrick Bauchau pour notre plus grand plaisir.

« Visionnaire et extraordinaire » d’après le Washington Post, ce biopic nous invite à découvrir le parcours musical des Beach Boys, mais insiste également sur les troubles psychiques dont souffre Brian Wilson. Le film se concentre sur deux périodes-clef de sa vie – professionnelle puis intime : les années 1966-1967, époque à laquelle il compose l’album « Pets Sounds », et les années 1990, où il rencontre Melinda Ledbetter (qu’il épouse en 1995). Un portrait en deux temps qui, lorsqu’on les additionne, nous racontent peut-être la véritable histoire de Brian Wilson.