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Quel est l’impact écologique des Jeux Olympiques ?

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    Bibliothèque publique d’information – notre réponse actualisée le 28/06/2023.

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    Logo JO Paris 2024, par Royalties Ecobranding

    L’attribution des JO d’été 2024 à la France redonne une actualité à certains vieux débats, dont celui sur l’impact écologique des Jeux. La France y est attentive : « En mai 2016, le comité de candidature Paris 2024 et le WWF France ont formalisé un partenariat stratégique, unissant leurs forces autour d’une ambition commune : organiser des Jeux à impact environnemental positif, qui accélèrent la transition écologique et contribuent à réinventer les villes et les modes de vie. », indique le document du WWF Paris 2024. Les recommandations du WWF pour les premiers Jeux alignés depuis l’accord de Paris (2016). Différentes mesures de prise en compte de l’impact environnemental ont été annoncées : « (…) constructions bas carbone, énergie renouvelable, restauration durable, etc. Paris 2024 s’est ainsi fixé un objectif de 1,5 million de tonnes de CO2 à ne pas dépasser, c’est-à-dire deux fois moins que l’empreinte carbone la moyenne des éditions précédentes des Jeux d’été. » (d’après le site officiel de Paris 2024). Mais quel est l’impact écologique des Jeux Olympiques jusqu’à présent ? Et celui-ci peut-il vraiment être nul voire positif ?

    Les problèmes environnementaux qu’engendrent les Jeux Olympiques

    Malgré les efforts, les Jeux Olympiques restent des évènements qui polluent beaucoup, notamment à cause des infrastructures créées spécialement pour ce moment, au nombre très importants de spectateurs venant du monde entier par des modes de transport polluants comme l’avion, ou encore aux moyens déployés pour assurer la bonne tenue de l’événement. Voici donc quelques ressources qui expliquent qu’il est difficile que les JO soient totalement « verts ».

    Études de cas de JO : des promesses mais un bilan jamais neutre

    JO de Pékin et enjeux écologiques : le sport peut-il encore tout se permettre ? par Guillaume Erner, Podcast La Question du Jour, Radio France, 15/02/2022.
    Extrait :

    « C’était mettre en avant l’idée symbolique des jeux écologiquement responsables au bilan carbone neutre. Ils mettaient en avant une consommation et une production d’électricité basées sur les énergies renouvelables, sur une logique de respectabilité environnementale. Le dossier de candidature on peut raconter beaucoup de choses à l’intérieur. On peut dire que ça coûtera peu cher, que ça sera éthiquement, écologiquement responsable. Mais au final, ce qui s’est passé, on le constate empiriquement, on le constate visuellement, ces JO de Pékin sont très polluants et très destructeurs d’un point de vue environnemental. »

    JO 2022 : Les Jeux d’hiver les plus écologiques de l’histoire, vraiment ? par Aymeric Le Gall, 20 Minutes, 04/02/22.
    Extrait :

    Pour bien se rendre compte de ce qui a été réalisé par la Chine pour accueillir ces Jeux « les plus verts de l’histoire », il suffit de jeter un œil au cliché aérien des régions de Zangjiakou et Yanqing entre 2017 et aujourd’hui. C’est bien simple, cinq ans en arrière il n’y avait rien. Carmen De Jong : « Ils ont délocalisé des villages entiers, détruit des terrasses agricoles qui étaient la base de la vie pour les agriculteurs locaux et ils ont et planté des milliers de conifères pour récréer un paysage alpin totalement artificiel ». Et de jolies pistes de ski à perte de vue, donc.

    JO de Vancouver : bons pour les finances, moins pour l’environnement, par Radio-Canada, 25/10/2011, concernant les Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver en 2010, pourtant présentés par le CIO sur son site comme « les plus verts de l’histoire ».
    Extrait :

    […] les émissions de gaz à effet de serre ont été huit fois supérieures à la normale pendant la tenue de l’événement. Cela était essentiellement dû à la présence des spectateurs, journalistes, athlètes et autres participants qui ont pris l’avion vers et depuis Vancouver.

    Compétitions sportives et écologie : un mariage impossible ?, par Lucas Faivre, Décryptage de la Fabrique Ecologique, n°32, 2020. Le chargé de mission présente les cas de plusieurs éditions de Jeux Olympiques en montrant dans chaque cas pourquoi les promesses écologiques n’ont pas été tenues.

    Ce type d’événement est-il en fait compatible avec le souci environnemental ?

    Les Jeux olympiques, ces géants qui ne seront jamais «verts» par Alexandre Shields, Le Devoir, 21/07/2021.

    « Dans notre étude, nous examinons trois dimensions de la durabilité : les facteurs économiques, écologiques et sociaux. Et, en moyenne, les notes pour tous ces facteurs diminuent au fil du temps, malheureusement. Je pense que l’un des principaux problèmes que nous constatons est que les Jeux olympiques ne cessent de grandir, en termes de taille et de coûts. Et nos données montrent que plus un événement est grand, moins il est durable. C’est l’un des principaux problèmes que nous avons constatés », explique Sven Daniel Wolfe, coauteur de cette étude qui s’appuie sur l’analyse de 16 JO d’été et d’hiver depuis 1992.
    « La tendance au gigantisme encourage une hausse des émissions de gaz à effet de serre. Il y a de plus en plus de disciplines et d’athlètes, mais aussi des stades de plus en plus gros et nombreux. Ces tendances annulent les efforts qui sont faits pour verdir ces événements », ajoute Philippe Gauthier.

    An evaluation of the sustainability of the Olympic Games, par Martin Müller, Sven Daniel Wolfe, Christopher Gaffney, et al., Nature Sustainability, 4, 340–348, 19/04/2021. Un pdf est téléchargeable depuis le site de la revue Nature.
    Résumé (traduction) :
    Les Jeux Olympiques prétendent être des exemples de durabilité, visant à inspirer des avenirs durables dans le monde entier. Pourtant, aucune évaluation systématique de leur durabilité n’existe. Nous développons et appliquons un modèle avec neuf indicateurs pour évaluer la durabilité des 16 éditions des Jeux Olympiques d’été et d’hiver entre 1992 et 2020, représentant un coût total de plus de 70 milliards de dollars américains. Notre modèle montre que la durabilité globale des Jeux Olympiques est moyenne et qu’elle a diminué au fil du temps. Salt Lake City 2002 a été les Jeux Olympiques les plus durables de cette période, tandis que Sotchi 2014 et Rio de Janeiro 2016 ont été les moins durables. Aucun Olympique, cependant, ne marque dans la catégorie supérieure de notre modèle. Trois actions devraient rendre l’accueil olympique plus durable : premièrement, réduire considérablement la taille de l’événement ; deuxième, faire tourner les Jeux olympiques entre les mêmes villes ; troisièmement, appliquer des normes de durabilité indépendantes.

    Jeux Olympiques hors de contrôle : pourquoi le CIO est incapable de garantir des Jeux Olympiques respectueux de l’environnement, par Arnout Geeraert et Ryan Gauthier, Journal de la politique et de la planification environnementales, 15/03/2017.
    Résumé :
    Bien que le Comité International Olympique (CIO), l’organisme chargé de superviser l’organisation des Jeux Olympiques, accorde une grande importance à la durabilité environnementale depuis plus de deux décennies, les récentes éditions des Jeux Olympiques n’ont pas atteint leurs objectifs de durabilité, ou ont causé de graves dommages à l’environnement. En appliquant une nouvelle perspective (principal-agent) et en conceptualisant les dommages environnementaux causés par les Jeux Olympiques comme un coût d’agence, cet article démontre que les mécanismes déployés par le CIO pour contrôler les organisateurs des Jeux sont inefficaces car ils ne modifient pas les incitations des organisateurs des Jeux. vers le respect des objectifs de durabilité environnementale et que les changements récemment proposés dans le cadre des réformes de l’Agenda 2020 du CIO ne parviennent pas à résoudre ce problème. 


    Les engagements écologiques des JO de Paris 2024 : tournant ou mirage, alors ?

    Les JO 2024 se veulent être un exemple en terme d’écologie, c’est ce qui est promis par le Comité d’organisation Paris 2024.

    JO Paris 2024, des ambitions vertes par Aurélie Luneau, Podcast De cause à effets : le magazine de l’environnement, France Culture, 04/04/2023.
    Extrait :

    Comme le disait la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera le 22 septembre 2022 sur France Info, ces JO de Paris 2024 ont l’ambition d’être les plus vertueux et exemplaires possibles ; en tout cas d’ouvrir la voie à une autre façon d’organiser de tels événements, dans un monde où le sport doit plus que jamais se mettre au service du bien-être de la terre et de ses habitants.

    Olympisme et environnement : le rôle de Paris 2024 dans la transformation du modèle olympique. Architecture, aménagement de l’espace, par Arnaud Guiza, mémoire de Master de l’Ecole d’architecture de Nantes, 2021. Consultable sur la plateforme HAL.

    Paris 2024 : la promesse de Jeux écologiques est-elle crédible ? par Thomas Baïetto, France Info, 12/05/2023.
    Extrait :

    Martin Müller déplore également que Paris 2024 promette de « compenser » son impact climatique. Un engagement « problématique » à l’efficacité douteuse, selon lui. « C’est une façon de se donner bonne conscience », appuie la climatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail 1 du Giec. Elle souligne qu’il n’existe « pas encore un cadre suffisamment strict sur ces actions dites de compensation pour s’assurer de leur crédibilité« .

    Ce marché de la compensation repose sur les « crédits carbone ». En théorie, le principe est simple : après avoir émis des gaz à effet de serre, une entreprise va financer un projet – une plantation d’arbres, par exemple – capable de retirer la même quantité de gaz de l’atmosphère. Dans la pratique, « il est très difficile de mesurer l’impact réel d’un projet », resitue Gilles Dufrasne, expert du secteur à l’ONG Carbon Market Watch. A cette incertitude s’ajoute le fait que chaque acteur, rémunéré en fonction de la quantité de crédits émise, a un intérêt financier à « exagérer » l’impact réel des projets, explique le spécialiste.

    JO 2024 : la promesse de Jeux « verts » ne convainc pas les experts par Angela Symons, EuroNews, 14/03/2023.
    Extrait :

    Madeleine Orr, experte en écologie du sport et professeur à l’université britannique de Loughborough, estime que la compensation est une « option acceptable » mais qu’on ne peut pas pour autant qualifier les Jeux de « durables« .
    « Même s’ils font tout ce qu’il faut, un grand événement international ne peut pas être parfaitement durable« , déclare-t-elle. « L’événement le plus durable est celui qui n’a pas lieu. »


    Pour aller plus loin…

    Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur la zone d’aménagement concerté (ZAC) « Village olympique et paralympique » (93), n°Ae : 2018-78, Ministère de la transition écologique, 24/10/2018.


    Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information


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