BMVR de Marseille – notre réponse actualisée le 22/10/2025.

L’espace urbain n’est pas neutre mais reproduit des rapports de pouvoir, des inégalités sociales et des formes de domination symbolique. La crise du modèle républicain d’aménagement appelle une redéfinition de la citoyenneté urbaine fondée sur la participation active des citoyens. L’étude des mouvements de militance urbaine dessine en parallèle la variété des initiatives pour exercer le pouvoir d’agir.
Pour une première approche
Géopolitique de l’aménagement du territoire, de Philippe Subra, Armand Colin, 2018.
Résumé :
Les conflits autour des questions d’aménagement du territoire n’ont cessé de se multiplier ces dernières années, illustrant la crise profonde que traverse le modèle français. Une crise économique, urbaine, sociale, culturelle, et, surtout, géopolitique. Chaque conflit, chaque débat sur un projet ou une politique d’aménagement est ainsi l’occasion de rediscuter de l’intérêt général. Comment intégrer les nouvelles aspirations de la société, l’apparition de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques, comme la concertation, pour renforcer l’efficacité de l’action publique ?
Les lieux des banlieues : de Paris à Nancy, de Mumbaï à Los Angeles, de Hervé Marchal, Le cavalier bleu, 2012.
Résumé :
De la banlieue, on ne retient bien souvent qu’un ou deux aspects, en fonction de notre propre expérience et de ce que nous donnent à voir les médias. Or la banlieue est multiple : du lotissement pavillonnaire à la banlieue ouvrière qui s’embourgeoise, de l’enclave résidentielle ultra-sécurisée au bidonville produit de la mondialisation et au centre commercial, ce voyage au pays des banlieues nous permet de mieux cerner la réalité de ces lieux que l’on approche souvent de façon réductrice.
Petite histoire politique des banlieues populaires, de Hacène Belmessous, Éditions Syllepse, 2022.
Résumé :
Une histoire politique des banlieues françaises, à travers laquelle l’auteur interroge les idées reçues et fantasmes associés à ces quartiers populaires depuis les années 1970. Il décrit des zones de relégation dominées par la pauvreté et les humiliations sociales, où l’application du droit commun ainsi que les promesses d’égalité républicaine sont restées lettre morte.
Les formes de militance
Cités en crise : ségrégations et résistances dans les quartiers populaires, Dossier coordonné par Daniel Bensaïd, Renée-Claire Glichtzman, Lilian Mathieu et Sylvain Pattieu, revue Contretemps, n°13, 2005.
Résumé :
Dès sa création, la politique de la ville symbolise un paradoxe. Elle affiche un défi impossible consistant à vouloir limiter les effets de la précarisation produite par les restructurations successives du capitalisme qui fait disparaître des millions d’emplois, écarte durablement les plus précarisés de la société salariale et les relègue dans les quartiers déshérités des métropoles. Cette politique publique affiche l’ambition du retour « au droit commun de la ville » par un traitement spécifique des quartiers dits en difficulté et de ses habitants. Depuis des années, son action balance entre deux options : prendre le quartier comme un morceau de ville sur lequel il faut agir parce qu’il se décroche du reste de la ville ou bien s’attaquer aux processus de précarisation des classes populaires et de discrimination qui affectent de plus en plus violemment les enfants de l’immigration. À force d’hésiter et sans réel pouvoir de s’attaquer aux transformations structurelles qui produisent la précarisation des quartiers populaires, la politique de la ville a en quelque sorte signé son échec
La banlieue change ! : Inégalités, justice sociale et action publique dans les quartiers populaires, sous la direction de Régis Cortéséro, Le bord de l’eau, 2012.
Résumé :
Une analyse des problèmes urbains qui prend en compte aussi bien la problématique sociale, que les questions spatiale et ethno-raciale. Par l’étude des inégalités, de l’expression des sentiments d’injustice, de la mobilisation des identités, et des dispositifs d’action publique, elle confronte la question de la banlieue au pacte social et s’interroge sur son avenir. Au final, la question de la banlieue interroge le fondement du pacte social lui-même, interrogation centrale pour toute personne, décideur, chercheur, homme d’action ou citoyen, soucieuse de cohésion sociale.
Pourquoi les banlieues sont de droite ? , de Camille Bedin, Plon, 2012.
Résumé :
Contrairement aux idées reçues, les jeunes des quartiers portent en eux des valeurs » de droite » : loin d’être des supporters de l’égalitarisme et de l’assistanat, ils font preuve d’une inextinguible soif de liberté et de réussite individuelle, d’une volonté de voir leur travail et leur mérite reconnus, d’un besoin de transmission familiale, culturelle, religieuse. Enfin, ils ne sont pas dupes d’un Etat-providence, à leurs yeux inefficace. Parce que résoudre les problèmes des quartiers, c’est résoudre une grande partie des problèmes de notre société trop sclérosée, il est temps de signer le renouveau des banlieues comme creuset d’une République de toutes les réussites : en passant de l’assistanat à la foi dans l’individu, la confiance dans la société civile et l’égalité réelle des chances par l’école.
Un témoignage concret et optimiste sur la jeunesse de notre pays qui propose un regard et un souffle nouveaux.
Les marges au centre de la lutte : théorie et pratique de la Pride des banlieues, Yanis Khames, Gilliane Coudrey (Préfacier), Double ponctuation, 2023.
Résumé :
En très peu de temps, la Pride des Banlieues a acquis une visibilité et pris une place importante dans la lutte contre les LGBTQI+phobies. Elle le doit en grande partie à son approche originale, qui repose sur une application militante des principes de l’intersectionnalité. En plus d’un historique et d’une présentation du jeune mouvement, c’est à travers le vécu de personnes LGBTIQ+ vivant dans les quartiers populaires que Yanis Khames aborde les enjeux qui se nouent sur ces territoires autour de l’emploi, de la santé, du logement et des services publics. Dans ce contexte, la Pride est vue comme un mode d’action opératoire, au service d’une communauté.
Sur l’abandon du militantisme dans ces quartiers
Des métallos aux jeunes des cités: socio-histoire d’une banlieue ouvrière en mutation / de Éric Marlière , Éditions du Cygne, 2014.
Résumé :
Comment est-on passé des métallurgistes aux jeunes dits « de cité » ? Quels sont les enjeux économiques, sociologiques et culturels qui ont mis un terme au monde ouvrier et à son système social ? Comment saisir les transformations et les continuités d’un quartier populaire autrefois ouvrier, aujourd’hui post-industriel confrontés dès les années 1920 à la « question sociale » ? Les représentations sociales ont changé : les ouvriers d’alors appartenaient au monde industriel et constituaient en cela l’espoir de la modernité…
Adolescence et idéal démocratique, de Joëlle Bordet et Philippe Gutton avec la participation de Serge Tisseron, Éditions In press, 2014.
Résumé :
Ce livre est un exemple de l’interdisciplinarité, fruit de collaborations et de discussions entre deux auteurs de formations fort différentes et d’expériences fort étendues d’immersion sur le terrain ; l’un dans le champ de la psychanalyse et la psychopathologie de l’adolescent sous forme de consultations individuelles de suivis et de cures, souvent enrichies d’entretiens et de psychothérapies familiales, l’autre à l’écoute de ce qui se dit dans les quartiers d’« habitations confrontés à la précarité sociale » lors de situations d’entretiens semi-directifs, avec les jeunes, parfois leurs familles, les professionnels de l’accompagnement (éducateurs, enseignants…), élus, cadres responsables des politiques et missions locales de la jeunesse (au sein des municipalités, conseils généraux, État…).
Les transformations du militantisme d’origine maghrébine dans les cités : trois études de cas, le CNDP/MIB, l’AJS et l’EVEIL , de Nathalie Fuchs ; thèse dirigée par Nonna Mayer et Catherine Wihtol de Wenden.
Résumé :
Cette étude se place au niveau micro-sociologique en considérant les motivations individuelles qui incitent à s’engager dans l’action collective tout en tenant compte des contextes dans lesquels elle se déroule et des organisations en concurrence sur le marché de l’offre militante. Elle conduit à se demander s’il existe une spécificité de ce militantisme de cité. Cette réflexion s’appuie sur plusieurs approches sociologiques : elle s’inspire de la littérature sur l’immigration, les quartiers dits « sensibles » et les mouvements sociaux.
Articles sur les différents sujets
Affiliations et dés affiliations en banlieue : réflexions à partir des exemples de Saint-Denis et d’Aubervilliers », par Marie-Hélène Bacqué, et Yves Sintomer, Revue française de sociologie (2001-04/06) vol.42-2, p.217-249).
La notion de dés-affiliation qu’utilise Robert Castel dans « Métamorphoses de la question sociale » s’applique-t-elle à l’évolution des quartiers de la banlieue rouge ? Elle traduit bien la fragilisation sociale et économique, la précarisation de ces quartiers, la désagrégation de la culture ouvrière (et communiste) et elle est beaucoup plus juste que celle d’exclusion, qui a la préférence des médias. Mais la réalité de ces quartiers est aussi constituée de dynamiques de ré affiliation qui touchent de nouvelles classes moyennes (au moins à Saint-Denis) ou à travers le rap.
Au nom des ouvriers. Quelle représentation politique des classes populaires ? Billet de blog, Médiapart, 16 mars 2012 (consulté le 22/10/2025).
Extrait :
Au sein des partis politiques, les types d’orientations idéologiques, de fonctionnement organisationnel et de composition sociale s’entremêlent étroitement. Cette interdépendance entre les idées, les structures et les hommes contraint les formes collectives de contestation de l’ordre social et politique. Participer au jeu électoral implique alors de lutter contre des forces sociales qui conduisent à l’exclusion des classes populaires de la scène politique.
Les banlieues et la politique : un sociologue contre 5 idées reçues, Rue 89 26/03/2011 (consulté le 22/10/2025).
Résumé :
Un décryptage du regard que les quartiers portent sur la politique avec Michel Kokoreff, sociologue spécialiste des quartiers.
Empowerment et réappropriation des quartiers
L’empowerment, une pratique émancipatrice de Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener, éditions La découverte, 2005.
Résumé :
Ce livre synthétise la foisonnante littérature anglophone sur la notion d’empowerment. Il retrace sa genèse, l’histoire de ses multiples variantes et celle des pratiques sociales qu’elles ont nourries. Des mouvements féministes du Nord et du Sud jusqu’aux programmes de la Banque mondiale et de l’ONU, la notion est utilisée aussi bien dans une perspective radicale d’émancipation que pour conforter les visions néolibérales ou social-libérales. Défendant résolument sa version émancipatrice, les auteures en expliquent les limites, mais aussi son importance pour éclairer les débats contemporains sur la démocratie.
Participation ou empowerment, Dossier de la revue Urbanisme consacré à la participation citoyenne.
Une histoire ancienne remise au goût du jour par la nouvelle politique de la ville qui veut mettre les habitants au centre des décisions et mettre en exergue leur « pouvoir d’agir ».
Développement du pouvoir d’agir : Une nouvelle approche de l’intervention sociale, de Claire Jouffray, presses de l’EHESP, 2018.
Après une présentation détaillée des concepts et notions qui animent cette approche novatrice, des professionnels francophones (France, Belgique, Québec) témoignent des différentes pratiques qu’ils ont initiées et des résultats obtenus en termes d’engagements collectif et individuel.


