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Quelle est l’histoire du bâtiment qui abrite « Dar Bellarj », la fondation pour la culture au Maroc à Marrakech ?

Cigognes du Maroc

Albert Dezetter de Pixabay

Votre Question : elle se trouve mitoyenne de la mosquée Ben Youssef et à la Madrasa coranique Ben Youssef dans la médina de Marrakech. Merci

Notre réponse du 13/03/2019

La Maison des Cigognes (Dar Bellarj en arabe) est une fondation pour la culture au Maroc qui a pour objectif de promouvoir et de faire perdurer les arts et les traditions du pays. L’emblème de la fondation est effectivement une cigogne dont la tête figure dans un médaillon.
Construite sur des fondations datant de l’époque des Almoravides, cet ancien foundouk (ou caravansérail) qui accueillait les cigognes malades ou blessées, aurait été détruit dans les années 30 pour faire place à une maison dénommée Dar Reghay, mais jamais habitée. Celle-ci fut ensuite transformée en école entre 1950 et 1985 avant d’être laissée à l’abandon jusqu’à sa restauration à l’identique par des mécènes suisses qui décidèrent de la baptiser du nom de sa fonction originelle, Dar Bellarj. Cette « reconstitution » provient de plusieurs sites référencés ci-dessous.
Pour étayer ces éléments nous avons cherché dans de nombreux ouvrages sur l’histoire de Marrakech et de ses monuments (ensemble architectural de la mosquée Ben Youssef) – notamment dans le fonds Ninard, conservé à la bibliothèque de l’IMA et spécialisé sur le Maroc – mais sans trouver de mention d’un lieu particulier dédié à soigner les cigognes.
Voici les sources repérées sur le web qui donnent quelques éléments sur l’histoire de Dar Bellarj :
– un article paru dans la revue l’Economiste cite l’historien Hamid Triki mais sans mentionner d’ouvrage précis :
« Selon l’historien Hamid Triki, la fondation Dar Bellarj est construite sur des fondations datant de l’époque des Almoravides (XIe et XIIe siècle). Son sous-sol témoigne du véritable niveau de la ville à cette époque. Sa mitoyenneté avec la mosquée Ben Youssef, bien plus vaste à l’origine, et les similitudes d’éléments architecturaux portent à penser que Dar Bellarj était dans le prolongement de celle-ci. Dans les années 30, le lieu devient le riad «Dar Reghay», construit par un riche notable de la ville, mais jamais habité et laissé à l’abandon. Vers 1950, le riad est repris et transformé en école pendant 35 ans, avant d’être de nouveau vide et abandonné, jusqu’à son acquisition en 1998 par Susanna Biedermann et Max Aliot. »
« «La maison des cigognes» à Marrakech joue la carte sociale » de Stéphanie JACOB, in L’Economiste, n° 4935, paru le 10/01/2017 |
Voir aussi la présentation historique de Dar Bellarj sur le site marocain Babelfan, consacré aux arts et à la culture à Rabat
Marrakech est effectivement une étape incontournable dans la migration des cigognes du Nord de l’Europe vers l’Afrique. Il est donc probable qu’un lieu d’accueil et de soins dédié à ces oiseaux ait pu exister dans cette ville, considérée comme la capitale mondiale des cigognes.
Dans l’article : « un oiseau dans la ville » publié le 17/01/2017 dans le  blog « Maroc sans frontière » il est fait référence à la place qu’occupe la cigogne dans la culture populaire marocaine :
(…) « Selon la légende, la cigogne serait un imam, homme saint, habillé de deux burnous, l’un noir et l’autre blanc. Un jour en plein Sahara, l’imam manqua d’eau nécessaire à ses ablutions et pour ne pas manquer la prière, il commit le grave péché d’utiliser du petit lait, béni parce que rare en ces lieux désertiques, pour faire sa toilette. Le Tout Puissant le métamorphosa en cet oiseau paisible et l’expédia au Maroc pour expier son péché. » et à un ancien foundouk de Marrakech servant d’hôpital pour soigner ces oiseaux.
Pour aller plus loin il faudrait consulter  les textes des historiens et géographes arabes qui ont écrits sur Marrakech (al-Idrissi, ibn Idhari al Marrakchi, al-Tamgrouti…) et rechercher aussi du côté de l’histoire de la médecine vétérinaire au Maroc.
Peut-être que l‘actuel hôpital vétérinaire de Fès, construit en 1929, pourrait vous donner des pistes.

Cordialement,
Eurêkoi – Bibliothèque de l’Institut du monde arabe