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Je recherche la liste des lectures imposées aux élèves japonais par les américains, après la deuxième guerre mondiale, dans le but de les « occidentaliser »

Pile de livres colorés.

Collection of books by Kimberly Farmer on Unsplash. CC0.

 Médiathèque Georges Wolinski, Noisy-le-Grand : notre réponse du 02/07/2019

Vous nous avez contactés pour obtenir des informations sur les lectures des élèves japonais au cours de l’occupation américaine.

Malgré nos recherches sur des bases scientifiques comme JSTOR, CAIRN Info, ou OpenEditions, nous ne sommes pas parvenus à trouver une liste complète et précise des lectures imposées aux élèves japonais au cours de l’occupation américaine. Les recherches montrent toutefois que les Etats-Unis ont modifié en profondeur le système éducatif japonais et plus particulièrement la loi de 1947 qui a donné naissance au système 6-3-3-4 (6 années de primaire, 3 de collège, 3 de lycée et 4 d’université) avec 9 années de scolarité obligatoire. La réforme américaine a concerné également les kana et la réduction des kanji.
« L’enseignement de la lecture au Japon. Politique et éducation » de GALAN (Christian), FIJALKOW (Jacques), (dir.). Langue, lecture et école au Japon », Histoire de l’éducation [En ligne], 138 | 2013, mis en ligne le 15 décembre 2013, consulté le 28 août 2019.

Un des objectifs de la réforme voulue par les américains était de dépolitiser le système éducatif japonais considéré comme un facteur important de la dérive ultranationaliste, guerrière et totalitariste du japon. « Des militaires occupant les postes de responsables de l’éducation, des manuels imprégnés de propagande militariste, […] le ministère de l’Éducation fonctionnant comme l’outil de cette propagande militariste, les éducateurs libéraux écartés par la police de la pensé ».

L’intention des américains était de bannir les idées nationalistes et militaristes avec la volonté d’instruire les individus afin d’élever le niveau culturel de la population pour permettre l’avènement d’une société pacifique et démocratique. Cela s’est traduit par de la censure dans les manuels scolaires. D’après un article de Nobuko Maeda, « le  système de contrôle préalable et d’agrément par le ministère a  été établi en 1947. Le gouvernement a cependant affiché son intention d’assurer la  pluralité  des manuels. Avant  la  suppression complète  des  manuels  officiels en 1950,  non  seulement  un grand nombre des maisons d’édition mais aussi diverses associations, y compris un syndicat d’enseignants, se sont appliquées à  produire  de  nouveaux  manuels. Sous l’occupation américaine, une fois agrégés par le ministère de l’Éducation, les manuels devaient  être  soumis  à  la  censure  de  la  CIE  (Civil  Information  and  Education section). En  1948,  sur  724 livres  de  toutes  les  matières  ’enseignement  déposés, 62 ont  passé  avec  succès  les examens ministériel  puis  américain. Une  grande pluralité de documents pédagogiques est ainsi assurée et est reconnu à chaque école le droit de choisir parmi les manuels. »
« Histoire de l’enseignement de l’histoire au Japon. Autour de la question des manuels scolaires » de Nobuko Maeda, in Histoire@Politique, n° 36, septembre-décembre 2018.

Christian Galan,confirme que les forces d’occupation ont pratiqué la censure « pour s’assurer du caractère pacifique et démocratique des nouveaux manuels scolaires – c’est-à-dire débarrassés de toute référence à l’armée ». Par ailleurs, cette censure ne s’appliquait pas qu’aux livres mais à tout média exposant des images militaires.
« Education et censure au Japon » de GALAN, Christian In : Les censures dans le monde : xixe- xxie siècle [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2016 (généré le 29 août 2019).  DOI : 10.4000/books.pur.45063.

Enfin, cet article de Thakur Yoko rapporte que le département du SCAP en charge de l’Education a missionné 4 historiens pour rédiger les manuels scolaires retraçant l’histoire du Japon. Il s’agit de Ienaga Saburo, Morisue Yoshiaki, Okada Akio et Okubo Toshiakia. En 1946, ces auteurs ont du rendre leur proposition de texte en s’appuyant sur des faits historiques, intégrer des éléments culturels, sociaux et économiques et favoriser l’esprit critique de l’élève. En un mois, le manuel Footsteps of a Nation (Kuni no ayumi)  destiné aux élèves de primaires était rédigé. Ce livre a été majeur pour les manuels scolaires d’après guerre.
Accessible en ligne sur la base de données académique JTSOR. “History Textbook Reform in Allied Occupied Japan, 1945-52.” de Thakur, Yoko H. in History of Education Quarterly, vol. 35, no. 3, 1995, pp. 261–278.

Cordialement,

Eurêkoi – Noisy-le-Grand
Médiathèque de Noisy-le-Grand