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Humanitaire : Connaissez-vous des livres ou des publications traitant des politiques d’aide des pays arabes ?

Bibliothèque de L’Institut du monde arabe – notre réponse du 25/06/2021.

Patients attendant devant l'hôpital de campagne du Croissant-Rouge saoudien
Patients attendant devant l’hôpital de campagne
du Croissant-Rouge saoudien -Beyrouth
© BJÖRGVINSSON, Jón – CCIR

Les politiques d’aide humanitaire des pays arabes, des pays du Golfe notamment, sont plutôt difficiles à identifier du fait d’informations parcellaires et de données dispersées, pour diverses raisons, sur lesquelles nous allons revenir.
Comment alors tenter d’en savoir plus ? Quels ouvrages ou quelles publications, publiés depuis 2015, existent à ce sujet ?

Difficultés à identifier ces politiques d’aide humanitaire : les raisons

Des acteurs multiples

Les acteurs arabes de l’aide humanitaire sont multiples : gouvernementaux (avec l’intervention de plusieurs ministères ou organismes officiels), intergouvernementaux (OCI ou Ligue des Etats arabes mais aussi UNRWA pour l’aide des pays arabes aux réfugiés palestiniens), régionaux (type GCC), mais aussi individuels (donateurs privés, émir, roi, président), fondations religieuses ou caritatives ou ONG (comme l’Union des médecins arabes, le Croissant-Rouge…).

Le financement de l’action humanitaire par les pays du Golfe : un engagement pérenne, par Cécile Billat, revue Humanitaires en mouvements (publiée par l’URD), le 09/05/2016.
Extrait :
« L’Organisation de Coopération Islamique (OCI) a créé en 2008 un département des affaires humanitaires qui s’implique dans l’élaboration des politiques et la facilitation du dialogue entre les ONG des cinquante-sept pays membres. Sa contribution significative dans la réponse à la famine en Somalie en 2011-12 a été reconnue dans un rapport du Humanitarian Policy Group. En 2011, ce département a signé un protocole d’entente (Memorandum of Understanding, MOU) avec OCHA.
La Ligue Arabe, quant à elle, a signé un MOU avec la Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). En 2014, elle a en outre décidé de mettre en place un Mécanisme Arabe de Coordination de l’aide humanitaire au sein de son secrétariat.
De son côté, le Conseil de Coopération du Golfe, s’il n’a pas encore créé de système de coopération institutionnel, a mis en place un comité de coordination des sociétés du Croissant-Rouge. Il planifie également l’ouverture au Koweït d’un centre de gestion des crises pour coordonner l’action de ses pays lors des catastrophes. La Conférence des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est pour sa part une organisation indépendante de la FICR qui rassemble annuellement toutes les sociétés de la région et entend promouvoir des positions communes telles que le support au peuple palestinien.
Enfin, le ministère des Affaires étrangères du Qatar est à l’initiative d’un projet « Hope For » qui vise à renforcer la coopération civile et militaire en réponse aux catastrophes naturelles. Pour cela, il projette de créer des centres d’excellence à travers le monde qui échangeraient sur les leçons apprises et les bonnes pratiques.
Enfin, alors qu’au Koweït et au Qatar les contributions humanitaires étatiques sont gérées via le Fonds Koweïtien pour le Développement Économique Arabe (KFAED) pour le premier et via le Département du Développement International du ministère des Affaires étrangères pour le second, les EAU (Emirats Arabes Unis) et l’Arabie Saoudite ont récemment réalisé des avancées institutionnelles significatives. Ainsi, en 2014 et 2015, l’Arabie Saoudite et les EAU ont tous les deux créé des institutions nationales spécialement dédiées aux affaires humanitaires
« .


La difficulté de tracer les dons

La traçabilité des dons de tous ces intervenants n’est pas évidente, surtout dans le contexte régional conflictuel du Golfe (avec la guerre au Yémen) et dans un contexte politique peu transparent.
Par ailleurs l’aide humanitaire peut se faire autrement que par des dons financiers comme par exemple des dons de pétrole irakien au Liban dans le contexte de la crise économique et financière que subit actuellement ce pays.


Des informations publiées au compte-goutte

Enfin pour avoir plus d’éléments il faudrait suivre/dépouiller la presse arabe ou internationale depuis 2015 qui se fait l’écho de ces aides qui arrivent en fonction de l’actualité (explosion dans le port de Beyrouth de l’été 2020, famine au Yémen…) ou du calendrier musulman (période de ramadan ou fête de l’Aid el-Kébir).


Ressources en ligne sur ces politiques d’aide humanitaire des pays arabes

Aide humanitaire arabe, pays donateurs et organisme

Office de secours et de travaux des Nations Unis pour les réfugiés de Palestine dans le Proche Orient (UNRWA en anglais)
Article Wikipedia sur les pays donateurs (informations arrêtées à 2015).

Aide humanitaire accordée par les Emirats arabes unis
Article Wikipedia  

Le site de l’OCI (Organisation de la Coopération Islamique) comporte des pages consacrées à l’aide humanitaire.
 
Voir aussi les pages du Bureau de Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies.

Le secrétariat du Gulf Cooperation Council (GCC) met à disposition des informations : Rubrique Major achievements in the field of Human and Environnement Affairs.

 King Salman Humanitarian Aid and Relief Center (KSRelief) présente dans la rubrique Rapports et données différents « programmes humanitaires spécifiques« .

Saudi Fund for Development (SFD) présente également diverses actions (site en arabe ou en anglais).

Sur le site du Global Fund vous trouverez des données par pays notamment pour les pays du Golfe concernant les donations gouvernementales pour lutter contre certaines pandémies (HIV, tuberculose, paludisme).
Une recherche par profils permet de filtrer les données sur un pays précis.

Kuwait Fund for Arab Economic development, dont le site expose notamment les objectifs et le type d’activités de ce fonds.

ReliefWeb : données et articles sur l’aide humanitaire par pays.
Exemple sur les Emirats arabes unis.


Sélection d’articles publiés après 2015

La baisse drastique des aides émiraties à l’Unrwa suscite des interrogations, par Caroline Hayek, L’Orient le jour, 30/12/2020.
Extrait
« Abou Dhabi n’a alloué qu’un million de dollars à l’agence pour les réfugiés palestiniens cette année. En 2019, ces aides s’élevaient à 51 millions. »

Réfugiés palestiniens: l’Unrwa lance un appel à contribution, par APS Algérie Presse Service, 10/09/2018.

Kuwaiti Humanitarianism : The History and Expansion of Kuwait’s Foreign Assistance Policies, par Mara A. Leichtman, Stimson Center, publié sur JSTOR, /08/2017.

Different shades of ‘neutrality’: Arab Gulf NGO responses to Syrian refugees in northern Lebanon from Refuge in a Moving World : Tracing refugee and migrant journeys.
Article paru dans“27 Different shades of ‘neutrality’: Arab Gulf NGO responses to Syrian refugees in northern Lebanon”, par Estella Carpi, Refuge in a Moving World: Tracing refugee and migrant journeys across disciplines, UCL Press, 2020.

The Humanitarian Crisis in Yemen: Beyond the Man-Made Disaster par Giulio Coppi, International Peace Institute, plateforme JSTOR (2nd partie), 2018 (rapport de recherche).

Yémen : l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, belligérants et principaux donateurs par Anne Mutelet, liberation.fr, 27/02/2019.

GCC Engagement with Syria: Seeking A New Path par Mohammad Kanfash, Gulf International Forum, 2021.

Charité omanaise pour le Yémen par Sebastian Castelier & Quentin Müller, Le Monde diplomatique, juin 2020. (Article complet sur abonnement).

Arabia saudia : Official development assistance (ODA) sur le site de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), 2020.

The UAE’s Humanitarian Diplomacy: Claiming State Sovereignty, Regional Leverage and International Recognition par Deniz Gökalp, Chr. Michelsen Institute, CMI Working Paper, 2020.

Humanitarian Foreign Aid of Gulf States : Background and Orientations par le Dr. Khaled AlMezaini, Fondation Konrad Adenauer Policy Report No. 20, 01/2021.
 
Arab countries send medical, humanitarian aid to Beirut. Beirut was rocked by massive explosion Tuesday, causing at least 135 deaths, nearly 5,000 injuries par Gulsen Topcu, Anadolu Agency (AA), 07/08/2020.


Sélection d’articles antérieurs à 2015

Les pays du Golfe, nouveaux champions de l’aide humanitaire, Site The New Humanitarian, le 17/09/2014.
Extrait :
« Les pays du Golfe accroissent les fonds qu’ils consacrent à l’aide humanitaire internationale et contribuent à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars à la mise en œuvre d’interventions d’urgence au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde. Ils élargissent également leurs engagements multilatéraux et participent de plus en plus souvent aux débats mondiaux sur l’efficacité de l’aide. »

L’aide arabe et musulmane face aux Occidentaux, Site The New Humanitarian, le 19/10/2011.
Extrait :
« Parmi les agences humanitaires qui ont afflué en Somalie après la déclaration de la famine en juillet se trouvaient des organisations comme l’Union des Médecins Arabes (the Arab Federation of Doctors), la Fondation Mohammed Bin Rashid des Emirats Arabes Unis et l’Association caritative turque Deniz Feneri (le Phare). »

Le financement de l’action humanitaire par les pays du Golfe, Groupe URD, le 09/05/2016.
Extrait :
« Jusqu’à présent, les pays du Golfe dominent les flux financiers d’aide humanitaire rapportés par les bailleurs non-occidentaux. L’Arabie Saoudite a été le premier bailleur non-occidental entre 2000 et 2010, sauf en 2004 et 2009 où ce furent les Émirats Arabes Unis (EAU). Durant cette décennie, les EAU ont été les troisièmes plus importants bailleurs non-occidentaux, le Koweït le quatrième et le Qatar le huitième. Ainsi, l’Arabie Saoudite, les EAU, le Koweït et le Qatar sont les quatre membres du CCG classés parmi les dix bailleurs non-occidentaux finançant de façon significative l’action humanitaire2. Il est donc intéressant de considérer ces quatre pays en tant que groupe, membres du CCG, partageant des attributs géographiques, politiques, économiques, culturels et religieux qui donnent à leurs modes d’intervention et de financement de l’aide humanitaire des caractéristiques communes. »

L’Aide au développement, un outil d’influence? par Emmanuel Dupuy (Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, think tank spécialisé sur les questions de défense et de sécurité), Le HuffPost (huffingtonpost.fr), 18/05/2015.
Extrait :
« L’intérêt récent et désormais confirmé des Emirats Arabes Unis pour l’aide humanitaire d’urgence et l’aide au développement, offre un exemple caractéristique d’une double dynamique: Celle d’une politique ciblée des pays du Golfe en direction du continent africain.
Celle aussi de l’émergence sur la scène internationale d’une stratégie « profonde », composée d’actions diplomatiques traditionnelles, à l’instar des politiques d’aides structurelles ou l’octroi de dons -le plus souvent sans réelle conditionnalité-, comme ceux liant les EAU, l’Arabie Saoudite, le Koweït à l’égard de l’Egypte ou encore de la Tunisie. Désormais, cette « approche globale » se conjugue au pluriel, réunissant ONG, Fondations privées et bailleurs de fonds étatiques, via les nombreux fonds souverains dédiés à cet effet.
»

Histoire et enjeux de l’aide internationale des EAU : une stratégie de bailleur fédérale, entre pluralité et unité, par Virginie Troit (déléguée générale du fond Croix rouge), Observatoire des questions humanitaires, iris-france.org, le 15/07/2015.


Eurêkoi – Bibliothèque de l’Institut du monde arabe