Quelle est la représentation du cheval en tant qu’animal et symbole, dans le monde et la poésie arabe ?
Bibliothèque de l’Institut du Monde Arabe – notre réponse du 30/12/2025.

C’est au VIIIe siècle av. J.-C., comme le rappelle Le Mag des Animaux (Ouest-France), que Pégase commence à apparaître dans la poésie et la littérature grecques. Or, c’est au VIIe siècle qu’apparaît la figure du Bouraq selon le site Eden Saga. Il s’agissait du cheval transportant le prophète Muhammad lors de son voyage nocturne.
Celui-ci devient au moyen-âge un sujet d’exploration artistique et littéraire au sein du monde arabe.
Les bibliothécaires de l’Institut du Monde Arabe reviennent sur la représentation du cheval en tant qu’animal, mais également en tant que symbole, dans le monde et la poésie arabe.
La race de cheval arabe : une fierté traditionnelle
Dans le monde arabe, le cheval est vénéré pour sa beauté, sa grâce, sa puissance et sa loyauté. D’une part, les chevaux étaient utilisés comme moyens de transport et d’agriculture. D’autre part, ils étaient aussi compagnons dans les batailles et les aventures du désert.
Cheval arabe dans la culture de Wikipédia en français, wikipedia.org.
Extrait :
Le cheval arabe, que ce terme désigne la race Arabe au sens strict, ou tous les chevaux élevés par les peuples musulmans, est l’équidé le plus présent et le plus célébré dans la culture humaine.
La culture musulmane voue une quasi-vénération à ces chevaux, dont la création est racontée dans des textes canons du Coran et dans des hadîths mettant en scène Ismaël et le roi Salomon. La poésie arabe, en particulier, accorde aux chevaux une position centrale, à travers de nombreuses métaphores qui le comparent au vent et à d’autres éléments naturels, mettant en valeur sa vitesse et sa bravoure au combat.
Les chevaux du monde musulman inspirent aussi des oeuvres d’art européennes orientalisantes, ainsi que les romans et films américains de L’Étalon noir, évoquant un foisonnant imaginaire lié au désert.
Arabe (cheval) de Wikipédia en français, wikipedia.org.
Extrait :
L’Arabe est désormais réputé pour être l’une des meilleures montures en compétition d’endurance, bien que l’objectif principal de son élevage soit la tenue de concours valorisant sa beauté. Il est élevé dans plus de 80 pays sur les cinq continents en 2020, ce qui en fait la race de chevaux la plus répandue au monde. Souvent cité comme le « plus beau cheval du monde », son influence culturelle est majeure, puisqu’il inspire des récits religieux issus du Coran et des hadîths, des poésies, des œuvres d’art et des œuvres de fiction, dont la plus célèbre en Occident est L’Étalon noir.
Le cheval arabe : des origines à nos jours de Philippe Barbié de Préaudeau, Les Editions du Jaguar, 2002.
Résumé :
Retrace l’histoire de cet animal mythique, des origines à aujourd’hui, à travers une sélection de peintures, de mosaïques, d’objets d’art et de photographies, le montrant en train d’évoluer dans des sports, courses, loisirs, attelage, raids, endurance…
La légende du al-Burāq : un symbole et une représentation religieuse
Bouraq de Wikipédia en français, wikipedia.org.
Extrait :
Le Bouraq, ou Burak (en arabe : ٱلْبُرَاق, al-Burāq), est, selon la tradition islamique, un coursier fantastique venu du paradis, dont la fonction est d’être la monture des prophètes. Selon l’histoire la plus connue, au VIIe siècle, le Bouraq fut amené par l’archange Gabriel pour porter le prophète de l’islam, Mahomet, de La Mecque à Jérusalem, puis de Jérusalem au ciel avant de lui faire effectuer le voyage de retour au cours de l’épisode dit Isra et Miraj (signifiant respectivement en arabe : « voyage nocturne » et « échelle, ascension », qui est le titre d’un des chapitres du Coran, la sourate 17 Al-Isra). Le Bouraq a aussi porté Ibrahim (Abraham) lorsqu’il rendit visite à son fils Ismaïl (Ismaël), à la Mecque.
Dans l’art, le Bouraq est généralement représenté comme un cheval ailé avec le visage d’une femme et une queue de paon. Son image change au fil des époques, mais la forme représentée en majorité est celle d’un cheval ailé blanc aux ailes d’aigle, au buste de femme et à la queue de paon.
Le voyage nocturne du Prophète de Nizami, essentiels.bnf.fr, 12e siècle.
Extrait :
Selon la tradition iconographique, Muhammad, le visage caché par un voile blanc, chevauche al-Burâq, créature fantastique à corps de jument ailée et à tête de femme. Les anges aux ailes chatoyantes se déploient tout autour du prophète et de sa monture, enveloppés tous deux du nimbe de flammes qui désigne les envoyés de Dieu.
Le héros de la semaine I AL-BURAQ de l’Institut du monde arabe-Tourcoing, facebook.com, 11/10/2021.
Extrait :
Chaque semaine, (re)découvrez un héros du monde arabe présenté dans l’exposition « Images de héros » jusqu’au 9 janvier 2022.
Aujourd’hui : al-Buraq, la monture merveilleuse du prophète Mohammed.
Le cheval mis à l’honneur dans la poésie arabe
Les chevaux sont fréquemment mentionnés dans les ghazals (poèmes lyriques) et les qasidas (odes) arabes. Ils symbolisent souvent des thèmes tels que la noblesse, la passion, la conquête, la vitalité et l’aventure.
Poésie in Cheval arabe dans la culture de Wikipédia en français, wikipedia.org.
Extrait :
La poésie pré-islamique aborde déjà la question de l’origine du cheval. Selon Farouk Mardam-Bey, les bédouins jâhilites (pré-islamiques) lui prêtent attention en raison de sa place dans leur mode de vie, avec « plus ou moins d’insistance ». Les thématiques majeures en sont la noblesse des origines, la beauté et la rapidité du cheval. Un canon esthétique est évoqué dans les ouvrages publiés aux VIIIe et IXe siècles, notamment la finesse du bout du nez et de la bouche, associée à des naseaux larges. Des métaphores le comparent à l’eau, et à l’oiseau. Ces poèmes peuvent être difficiles à traduire en langue française.
La majorité des poèmes louent les qualités du cheval pour la guerre et la chasse, plus rarement pour la course. Ces poèmes inspirent à leur tour des textes en prose et des encyclopédies mameloukes. À l’époque d’Aboû Nouwâs, le cheval arabe jouit d’un prestige important, et se forme par croisement entre différentes souches de chevaux présentes sur les territoires du califat islamique. Ce poète liste longuement les activités qui font souffrir ou qui avilissent le cheval, au besoin par l’ironie.
Le cheval dans la poésie arabe dans Chevaux et cavaliers arabes dans les arts d’Orient et d’Occident de Farouk Mardam-Bey et Jean-Pierre Digard, Gallimard, 2002.
Résumé :
[…] Cet ensemble témoigne de la passion que les Arabes nourrissent pour le cheval depuis l’Antiquité tardive, héritiers en cela de traditions antérieures ou voisines. Les arts islamiques reflètent cette passion et la place du cheval dans le vécu et dans l’imaginaire arabo-musulman. Les représentations de chevaux et de cavaliers foisonnent évidemment dans les manuscrits et les miniatures, mais aussi sur les céramiques, les métaux, les textiles. Ces figurations, dans lesquelles le harnachement du cheval et l’équipement du cavalier sont détaillés avec soin, transcrivent une réalité qui dépasse la nécessité fonctionnelle pour faire de ces éléments des chefs-d’œuvre de l’art décoratif. L’ouvrage invite à la découverte des univers équestres de l’Islam – les sources, la « Furûsiyya », le cheval et le prince, le cheval littéraire- et propose d’aller au-delà avec la vision du cheval arabe, cette fois en terme de race, dans la création artistique occidentale du XIXème siècle. […]