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Qui qualifie-t-on d’arabe aujourd’hui ? Si la langue est un point commun, quelle autre caractéristique permet de qualifier une personne « d’arabe » ?

Réponse apportée le 11/13/2013  par PARIS – Bibliothèque de l’Institut du Monde Arabe – Monde Arabe, Islam

Votre question est vaste et complexe.
On ne peut, en effet, parler des Arabes comme d’un seul peuple ayant une même origine, unique, et occupant un même territoire défini depuis des siècles.
Les Arabes sont un peuple sémitique établi à l’origine dans la péninsule Arabique.
Ils se divisent en deux grandes branches :
– Les Arabes ‘âriba (Arabes purs), descendants de Qahtân, établis au sud de la péninsule arabique dans ce l’on appelait l’Arabie Heureuse ou l’Arabie Félix (l’actuel Yémen), sédentarisés depuis l’Antiquité ou semi nomades.
– Les Arabes musta’riba (arabisés ou arabisants), descendants de ‘Adnân, habitants plutôt le centre et le nord de la péninsule Arabique (l’actuelle Arabie Saoudite entre autres). Sédentaires, semi nomades et nomades.

Ils avaient déjà des relations commerciales avec le croissant fertile (l’Irak et la Syrie), mais c’est surtout après l’avènement de l’Islam qu’ils commencent à peupler ces régions plus durablement. Avec le temps, ils se déploient dans des territoires de plus en plus lointains (de l’Espagne à la Chine).
Beaucoup s’installent définitivement dans les régions nouvellement annexées à l’empire musulman et se mélangent avec les populations locales.

Par la suite, des événements historiques tels que les invasions extérieures (l’invasion mogole de Bagdad en 1258 par exemple) ou les aspirations de certains chefs locaux à l’autonomie, conduisent les territoires de l’empire arabe à ne pas subir une même évolution.

A la fin du XIXème siècle, le monde arabe, à part le Maroc et le Yémen, est sous domination ottomane. Mais cet empire est en plein déclin à cette époque. En plus des réformes mises en place, on assiste à des tentatives de rassemblement autour d’une même idéologie nationaliste, d’un même concept. Il y eut ainsi le panislamisme, le panturquisme et le panarabisme qui fut finalement le concept privilégié.

Après la première guerre mondiale, les provinces arabes de l’empire ottoman sont partagées entre l’Angleterre et la France, d’après les accords de Sykes-Picot en 1916. Ce partage s’est fait d’une façon arbitraire sur la carte : les anciennes provinces arabes de l’empire ottoman deviennent des Etats, avec des frontières parfois tracées tout simplement à la règle

A l’époque des indépendances au XXème siècle, des républiques, des royaumes et des principautés se constituent. Les républiques de la région sont généralement nationalistes a orientation socialiste. On cherche alors des dénominateurs communs :
– La langue
– Relations de voisinage
– Peuples proches ethniquement
– Des croyances proches
– Des buts stratégiques semblables
– Le but de former une masse diplomatique et économique

En ce qui concerne la langue, l’arabe est une langue sémitique.
L’arabe d’aujourd’hui comprend la langue littéraire ou classique et les dialectes divers propres à chaque région.
Les langues parlées des populations locales d’avant l’arrivée de l’Islam, les différentes conquêtes étrangères et le voisinage de pays non arabes ont largement influencé l’évolution de la langue arabe classique.
Le même constat peut être fait pour les traditions et la culture populaire en générale.
Sans oublier que le Coran a une importance primordiale dans la conservation de la langue, puisqu’il doit être lu et récité en arabe.

On peut donc dire que ce terme désigne un vaste ensemble de populations arabophones, même si la réalité est plus complexe.
On peut être arabe et vivre en dehors des Etats arabes.
On peut également être non arabe et vivre dans un Etat arabe (Berbères, Kurdes …etc.).

Ce qui est indéniable c’est le sentiment d’appartenir à un grand ensemble avec un héritage plus au moins commun.

– Vous pourrez consulter l’article « Arabes » sur wikipédia :
http//fr.wikipedia.org/wiki/Arabes>
et l’article « Panarabisme » sur le même site :
http//fr.wikipedia.org/wiki/Panarabisme>

La Bibliothèque de l’Institut du monde arabe vous propose les ouvrages suivants :

* SOURDEL, Dominique
Histoire des arabes / Dominique Sourdel [7ème ed. mise à jour]
Editeur : PUF, Paris: 2002
Collation : 128 p. : couv. ill. ; 18 cm
SUJETS: HISTOIRE / ARABE / CONQUETE ARABE / CULTURE
Cote BIMA 940.3 SOU

* LEWIS, Bernard
Les Arabes dans l’histoire / Bernard Lewis
Editeur : La Baconnière, Neuchatel: 1958
Collation : 190 p. : cartes ; 19 cm
Observation et synthèse ; Bibliogr. Index.
La p. de titre et les pp. 6, 7, 10, 11 et 14 ne sont pas imprimées
SUJETS: HISTOIRE / ISLAM / …-1958 / ANTIQUITE / CONQUETE ARABE / EMPIRE OTTOMAN / ARABE / MUHAMMAD / EUROPE / ESPAGNE / PAYS ARABES
Cote BIMA 940.3 LEW

* MARDAM- BEY, Farouk / SANBAR, Elias / KANTCHEFF, Christophe
Etre arabe : entretiens avec Christophe Kantcheff / Farouk Mardam- Bey, Elias Sanbar [2ème éd. augmentée]
Editeur : Actes Sud, Arles: 2007
Collation : 1 vol. (343 p.) : couv. ill. en coul. ; 18 cm
SUJETS: IDENTITE CULTURELLE * NATIONALISME * ARABE
Cote BIMA 320 MAR

* BELKAID, Akram
Etre Arabe aujourd’hui / Akram Belkaid
Editeur : Carnets nord, Paris: 2011
Résumé : Un journaliste algérien, de mère tunisienne, exilé en France, raconte l’image qu’un Arabe peut avoir de lui-même dans le monde contemporain, à partir des clichés négatifs véhiculés à propos du monde arabe par la domination occidentale, mais aussi à partir des révoltes populaires survenues au printemps 2011.

Cordialement,

Eurêkoi – Bibliothèque de l’Institut du monde arabe – BIMA
http//www.imarabe.org/page-sous-section/la-une>
http//www.Eurêkoi.org