Pourquoi les vaches paissent-elles souvent toutes dans le même sens ?

Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 19/10/2019.

2 vaches qui regardent la même direction
Image par ChiemSeherin de Pixabay

L’observation des troupeaux en pâture révèle un phénomène étonnamment régulier : bovins, cervidés ou ovins tendent à s’aligner selon une même orientation lorsqu’ils broutent. Ce comportement, souvent passé inaperçu à l’œil nu, a pourtant suscité l’intérêt des scientifiques qui y ont décelé une possible sensibilité au champ magnétique terrestre. Pour en savoir plus, voici une sélection de documents sur le sens d’alignement des troupeaux.

Orientation magnétique et comportement collectif de pâturage

Selon une étude de chercheurs européens aux États-Unis, les vaches, les moutons et les cervidés auraient en effet tendance à brouter et à se reposer avec leur corps orienté selon un axe nord-sud : Magnetic alignment in grazing and resting cattle and deer par Sabine Begall, Jaroslav Červený, Julia Neef, Edited by Simon A. Levin, Princeton University, Princeton, NJ, and approved July 17, 2008.
Cette étude a été publiée dans les Annales de l’Académie nationale américaine des sciences (En anglais : PNAS = Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America)

Sabine Begall, du département de zoologie de la faculté de biologie et géographie de l’Université de Duisburg-Essen en Allemagne est l’une des co-auteurs de cette recherche.
Elle nous explique que : « Dans la mesure où la direction du vent et l’exposition au soleil varient énormément selon les différents endroits, on conclut que le champ magnétique terrestre est un facteur commun expliquant le comportement similaire de ces animaux sur différents points du globe. »
Source : La vache boussole | Radio-Canada, publié le 26/08/2008.

Un article de presse rédigé en français précisent l’organisation de cette recherche et ses principales conclusions : Les bovins, ovins et cervidés vivent selon un axe nord-sud par L’Obs, le 26/08/2008.
Extrait :

Pour montrer que de gros mammifères ne dérogent pas à la règle, les chercheurs ont analysé des images sur Google Earth de 8.510 bovins dans 308 pâturages et plaines autour du globe ainsi que des données sur 2.974 cervidés dans plus de 225 zones en République Tchèque.

Outre ce sens géo-magnétique qui agit donc comme une boussole intérieure, la vision de la vache pourraient également être un élément d’explication.

Alignement spatial des bovins et influence de leur perception visuelle

La vache est un animal qui vit en troupeau et elles établissent entre elles des règles de vie leur permettant de prévenir et de résoudre, au moyen de signaux et de postures la plupart des situations de conflit. 
La cohésion du groupe et sa structure sociale seraient donc essentiellement influencés par la vie de groupe.
Les vaches protègent l’intégrité du troupeau en lui évitant le maximum de stress grâce notamment à leur vision particulière :
Extrait :

Le champ de vision binoculaire se définit comme la zone de superposition des deux champs de vision monoculaires de chaque œil. La position latérale des yeux et la pupille de forme rectangulaire confèrent aux bovins une vision panoramique à dominante monoculaire. Un champ de vision de 330° leurs permet de voir tout ce qui se passe autour d’eux sans même bouger la tête (23). Les herbivores peuvent ainsi détecter plus facilement les prédateurs

Vision des bovins SNOF (Site des Ophtalmologistes de France)

Pour aller plus loin

Le pâturage vu par l’animal : mécanismes comportementaux et applications en élevage de Bertrand Dumont, M. Meuret, Alain Boissy, M. Petit, Fourrages, 2001, 166, pp.213-238.
Résumé :
Ce texte décrit les principaux mécanismes qui régissent le comportement des animaux au pâturage, en particulier comment des processus liés au temps, à l’espace et au groupe social modulent leurs choix alimentaires et la manière dont ils occupent l’espace. Des pistes sont proposées pour stimuler l’ingestion des animaux d’élevage, orienter leurs choix et utiliser les parcelles d’une manière plus équilibrée. Par exemple, proposer une offre diversifiée peut stimuler leur ingestion, au moins dans le cas d’animaux à besoins modérés ; l’apprentissage alimentaire précoce avec la mère et la distribution spatiale des espèces minoritaires modifient l’utilisation des couverts ; l’organisation de polarités spatiales, alimentaires ou non, permet d’éviter la dégradation de certaines zones des parcelles.


Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information