Est ce que le fait que Augustine de Aragon était une femme a posé problème par rapport à son acte héroïque pendant l’attaque de Saragosse ?

gravure représentant Agustina d'Aragon
By Fernando Brambila [Public domain], via Wikimedia Commons

Et quel est le pourcentage de héros masculins par rapport à celui d’héroïnes ?

Notre réponse du 29/12/2016

Il semble malheureusement que les sources françaises soient très rares sur Agustina de Aragon et j’espère donc que vous lisez l’espagnol ou que vous pourrez vous faire traduire les ressources proposées.
J’ai effectué des recherches dans le catalogue de la Bpi, aucune biographie n’y figure. J’ai élargi la recherche aux livres consacrés à la guerre d’indépendance et au siège de Saragosse sans rien trouver qu’au mieux la simple mention de son nom :
L’Espagne contre Napoleon https://catalogue.bpi.fr/fr/document/

La guerre d’indépendance espagnole : 1808-1814 https://catalogue.bpi.fr/fr/document/ark:/34201

L’Espagne et ses guerres : de la fin de la Reconquête aux guerres d’Indépendance
https://catalogue.bpi.fr/fr/document/ark:/34201

Seule mention intéressante obtenue en attaquant le sujet par le biais de l’histoire des femmes dans :
Images de la femme en Espagne aux XVIe et XVIIe siècles : des traditions aux renouvellements et à l’émergence d’images nouvelles cote Bpi 860-04IMA
https://catalogue.bpi.fr/fr/document/ark:/34201
Page 13, article : De l’héroïsme féminin dans quelques légendes de l’Espagne du siècle d’or
Note 10)[je cite] Sur Agustina, voir A. Coy Cotonat, Agustina Saragossa Domenech, heroina de los sitios de Zaragoza, Ceuta 1914 et F. Lanuza Cano, « Semblanza genealogica de Agustina de Aragon. Biografica historica », Hidalguia, 5, 1957, p. 401-416 et 765-780

Ces deux documents en espagnol sont localisés à la Casa Velasquez par le catalogue collectif Sudoc et le premier peut être emprunté via le PEB sous condition, voir le détail dans la notice
Identifiant pérenne de la notice : http://www.sudoc.fr/08820426X
Titre: Agustina Saragossa Domenech, heroína de los sitios de Zaragoza / Agustín Coy Cotonat
Auteur: Coy Cotonat, Agustín
Localiser la bibliothèque : MADRID-Casa de Velázquez
Accessibilité : PEB soumis à condition
Cote : B SAR

A noter, cet ouvrage est également présent dans les collections de la Bnf :
Auteur(s) : Queralt, María Pilar
Titre(s) : Agustina de Aragón [Texte imprimé] : la mujer y el mito / María Pilar Queralt del Hierro
Publication : Madrid : La esfera de los libros, 2008
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb414291783

Identifiant pérenne de la notice : http://www.sudoc.fr/038717646
Périodique: Hidalguía [Texte imprimé]
ISSN: 0018-1285
3 bibliothèques dont seule pour cette période MADRID-Casa de Velázquez no. 1 (1953) -no. 343 (2010)

Via une recherche dans google books, vous pouvez accéder à une page dans laquelle Agustina est mentionnée :
Héroïnes, Numéro 30 Par Sophie Cassagnes-Brouquet,Mathilde Dubesset

Autres ressources en espagnol :

Il existe également un roman historique : La artillera, Angeles de Irisarri, Género: Novela histórica
http://www.casadellibro.com/libro-la-artillera/9788483650424/1181407

Courte biographie espagnole
http://www.biografiasyvidas.com/biografia/s/saragossa.htm

Site espagnol d’histoire des femmes : http://www.mujeresenlahistoria.com/2011/05/la-artillera-agustina-de-aragon-1786.html

« De vuelta a Zaragoza
A pesar de que Agustina fue enterrada en Ceuta, en 1870 se decidió trasladarla a la ciudad que la conviritió en una auténtica heroína. Con grandes honores, su cuerpo fue depositado en la basílica del Pilar. Aun tendría que hacer un último viaje. »

Il est également question d’Agustina de Aragon dans le livre Héroïnas y patriotas dont voici la notice de compte-rendu :
Pedro RÚJULA, « Irene Castells, Gloria Espigado y María Cruz Romeo (coord.), Heroínas y patriotas », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 40-2 | 2010, mis en ligne le 25 janvier 2011, consulté le 28 décembre 2016. URL : http://mcv.revues.org/3503
Je vous cite un extrait :

« La agrupación de las protagonistas en dos vagas categorías, como son las de «heroínas» y «patriotas», marca desde el principio un tratamiento individual de la condición femenina durante la guerra, apostando por el valor ilustrativo del ejemplo concreto mucho más que por una interpretación social de la misma. En el caso de las «heroínas» –María Bellido, Agustina de Aragón, Manuela Malasaña y María García, entre otras– domina el estudio de la representación, de la creación del icono, sobre la reconstrucción histórica de los hechos. »

Elena FERNÁNDEZ GARCÍA, « Transgresión total y transgresión parcial en las defensoras de la patria », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 38-1 | 2008, mis en ligne le 17 février 2010, consulté le 28 décembre 2016. URL : http://mcv.revues.org/987
Mots clés : Agustina de Aragón, Espagne, Genre, Guerre d’Indépendance, Guérilla, Femmes, Dix-neuvième siècle
En voici le résumé en français :

« En conceptualisant certains exemples d’interventions des femmes dans la guerre d’Indépendance, cet article vise à une revalorisation symbolique de leur mobilisation. La notion de transgression qualifie ici toute action qui rompt avec le comportement social assigné aux femmes de l’époque. À partir de là, on peut établir une typologie binaire pour caractériser les deux tendances qui apparaissent dans les pratiques des femmes. La transgression sera qualifiée de « partielle » lorsque, à l’opposé du comportement attendu des femmes, ces dernières parviennent à conquérir des formes d’expression qui, jusque là, étaient pour l’essentiel un monopole des hommes ; lorsqu’elles collaborent et appuient le camp des défenseurs de la nation par des actions qui, cependant, ne sortent pas du cadre imposé par la répartition traditionnelle des rôles en fonction de l’appartenance sexuelle. La transgression sera qualifiée de « globale » lorsqu’elle se traduit par une double rupture : sur la forme, comme dans le cas précédent, et sur le fond parce que les femmes choisissent alors de jouer un rôle plus militant en faveur de la cause nationale ou de participer activement, aux côtés des hommes, à la lutte contre les Français ».
Ne pas manquer la bibliographie : http://mcv.revues.org/987#bibliography

Vous trouverez mention de sources concernant les sièges de Saragosse dans cet article :

Jean-René Aymes, « La commémoration du bicentenaire de la Guerre d’Indépendance (1808-1814) en Espagne et dans d’autres pays », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine [En ligne], 5 | 2009, mis en ligne le 21 juin 2011, consulté le 28 décembre 2016. URL : http://ccec.revues.org/2997 ; DOI : 10.4000/ccec.2997
Les sièges de Saragosse
93) Les deux sièges de la capitale aragonaise et, au-delà, la vie des habitants pendant l’occupation française alimentent, en abondance et par le détail, les numéros successifs de la revue Los Sitios de Zaragoza.
94) De plus, sous le titre de La Zaragoza de los Sitios, Wifredo Rincón Garcíaconsacre près de 80 pages au récit des sièges, suivi d’un catalogue comportant un grand nombre de gravures, notamment de Juan Gálvez, de Fernando Brambila et du français Bacler d’Albe, ainsi que des plans de la ville assiégée et des principaux monuments.
95) Pedro Rújula, l’un des grands connaisseurs de la ville assiégée, vient de délaisser les épisodes militaires pour s’intéresser aux enjeux politiques et de pouvoir dans son article « Lucha por el poder y resistencia en la Zaragoza de 1808 », publié dans la Revista de Historia Jerónimo Zurita, n° 83, 2008, p. 29-44.

Héros et héroine

Impossible de comptabiliser, des statistiques fiables se faisant sur des critères comparables, considérez-vous le mythe, l’histoire, les légendes, la littérature ? Votre question préalable portant sur une héroïne historique, je suppose que c’est cet aspect qui vous intéresse.
Je vous invite à consulter le dossier pédagogique proposé par la Bnf (Bibliothèque nationale de France) sur les héros  et en particulier l’article de Marc Tourret Le corps ravi de l’héroïne dont je vous cite le début :

« Il semble que l’énumération des grandes figures héroïques occidentales consiste à dresser la liste de membres d’un club essentiellement masculin s’autorisant à accomplir des « exploits » pour réaffirmer, par la maîtrise de la violence, un ordre sexuel inégal et androcratique. L’accès des femmes à l’héroïsme est d’autant plus problématique que les activités du héros étaient traditionnellement masculines (la guerre, l’exploration du monde) et que la célébrité qui y était associée était plutôt réservée aux hommes. Les mutations contemporaines des figures de l’excellence ont-elles ménagé une place au corps de l’héroïne ou les femmes doivent-elles se contenter d’assister à la remise en cause actuelle des héros ? Quelles représentations de la féminité et de la masculinité l’héroïsme véhicule-t-il ? »
Et la fin… « Si les femmes sont parvenues à imposer certaines figures de l’excellence par le biais de la sainteté, de l’activité politique, de l’art, de la science, et surtout de la littérature, l’héroïsme au sens strict est bien un retranchement du phallocratisme. Non seulement il a longtemps privilégié les personnages masculins mais il a aussi imposé un modèle de femme séduite par le héros, qui a perduré dans l’histoire de l’imaginaire occidental. »

Cordialement,

Eurêkoi – Bibliothèque Publique d’Information