Accueil » Arts » Arts : Quels sont les liens entre le jazz et les musiques savantes?

Arts : Quels sont les liens entre le jazz et les musiques savantes?

    Étiquettes:
    Thème :
    Étiquette :

    image_pdfimage_print

    Orchestre de Jazz

    By Seamus Murray [CC BY 2.0], via Wikimedia Commons13

    Notre réponse du 13/04/2017

    En guise d’introduction, je vous conseille la lecture du chapitre 6 de l’article suivant que je vous copie
    GARRIGUES, « MUSIQUES SAVANTES ET MUSIQUES POPULAIRES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 12 avril 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/musiques-savantes-et-musiques-populaires/
    6. Jazz et musique savante
    Le jazz naît au début du XXe siècle, dans le sud des États-Unis d’Amérique. Ses origines sont multiples. Les États du Sud déportèrent des centaines de milliers d’esclaves d’Afrique afin de réaliser les travaux agricoles, notamment la culture du coton. Ces esclaves furent privés de leurs instruments traditionnels (flûtes, tambours) ; il ne leur restait donc que la pratique vocale. Les chants de travail – les work songs – étaient fondés sur des rythmes africains. Loin d’être interdits, ces chants étaient au contraire généralement encouragés par les propriétaires terriens, qui trouvaient qu’ils amélioraient le rendement. Peu à peu, ces chants se propagèrent sur les chantiers, les voies ferrées mais également dans les prisons. Parallèlement, les Noirs s’approprièrent la culture des Blancs, notamment par le biais de la religion, reprenant les hymnes protestants à travers des ring shouts, sorte de danses sacrées où les fidèles se divisaient en deux groupes : d’une part, les danseurs réunis en cercle et évoluant selon une technique de pas très codée et tapant dans leurs mains, d’autre part, les chanteurs interprétant les spirituals. On trouve également aux origines du jazz des influences de la musique savante et des musiques populaires européennes, notamment dans l’instrumentation, avec l’apport d’instruments européens de salon comme le piano, qui tint immédiatement un rôle très important dans le ragtime, ou encore avec les instruments des orchestres d’harmonie ou de fanfares (cornet à piston, clarinette, trompettes, trombones, grosse caisse et batterie). Les premiers orchestres composés uniquement de musiciens noirs se forment au tout début du XXe siècle. Ces orchestres jouent toutes les musiques populaires que l’on pouvait entendre à cette époque : polkas, quadrilles, marches militaires, blues, cake walk. On ne sait pas exactement comment le jazz est né, on ne peut pas non plus le dater de manière précise ; on sait seulement qu’au tournant du XXe siècle ces différentes musiques populaires se sont peu à peu mêlées et que ce mélange a donné naissance au ragtime puis au jazz.
    Le jazz inspirera de nombreux compositeurs de musique savante. Parmi eux, citons Claude Debussy (The Little Negro), Maurice Ravel (deuxième mouvement, Blues, de la Deuxième Sonate pour violon et piano ; L’Enfant et les sortilèges), Darius Milhaud (Le Bœuf sur le toit), Erik Satie, Igor Stravinski, George Gershwin, Aaron Copland, Leonard Bernstein
    En 1928, [url=]Maurice Ravel traverse l’Atlantique pour donner une série de concerts. Il découvre le Canada puis les États-Unis, notamment La Nouvelle-Orléans et New York ; il séjourne à Harlem, fréquente les clubs de jazz en compagnie du compositeur américain [url=]George Gershwin. Grand admirateur de la musique de Ravel, ce dernier lui demande de lui donner des leçons. Mais Ravel aurait refusé, en précisant : « Vous perdriez votre spontanéité et finiriez par composer du mauvais Ravel. » Dans une interview accordée au Musical Digest en avril 1928, le compositeur français déclarera : « Vous, les Américains, prenez le jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu’à mes yeux, c’est lui qui donnera naissance à la musique nationale des États-Unis. »
    Au milieu des années 1920, George Gershwin compose un [url=]opéra populaire (folk opera) sur un livret de DuBose Heyward écrit à partir de sa nouvelle Porgy and Bess. Les textes des chansons sont de DuBose Heyward et de son frère Ira Gershwin, avec lequel George Gershwin a pris l’habitude de collaborer. L’opéra, créé le 30 septembre 1935 à Boston, retrace l’histoire d’une communauté d’ouvriers noirs de Charleston qui vivent misérablement dans un quartier du vieux port, Catfish Row. Afin de se familiariser avec le contexte musical et culturel de l’ouvrage, le compositeur partira quelques mois en Caroline du Sud, à la rencontre des communautés noires défavorisées. Il écoutera beaucoup de jazz et de blues et commencera à réfléchir à son opéra. Premier opéra créé pour et par une troupe entièrement noire, Porgy and Bess nous dévoile la face cachée d’un monde en plein essor économique, un monde d’une extrême pauvreté, un ghetto noir de la ville de Charleston où des gens désœuvrés se livrent au jeu, à la drogue, à la prostitution et au crime. Le style musical, complexe, allie une expression lyrique proche du vérisme à un langage harmonique extrêmement audacieux – la polytonalité et l’atonalité n’en sont pas absents –, où les influences du blues et du jazz se font particulièrement ressentir. De cet opéra sont nés de nombreux standards de jazz, parmi lesquels on citera Summertime, I got plenty of nuttin’, My man’s gone now, There’s a boat that’s leaving soon for New York
    Même si, au commencement, le jazz souffrait d’une image négative à cause de ses origines noires et pauvres, il a gagné, au fil des décennies, ses lettres de noblesse. Depuis le début du XXe siècle, il n’a pas seulement influencé des genres musicaux existants, il a également donné naissance à d’autres styles de musiques, parmi lesquels on citera le rhythm and blues, le rock’n’roll, le rock, la soul music… »

    Livres :

    Musique, filiations et ruptures
    Cité de la Musique, les éd. 2005
    Résumé En interrogeant la culture japonaise, l’histoire de France, la liturgie, la musique classique et le jazz, les auteurs de cet ouvrage collectif proposent une série d’études pour évoquer les racines, le métissage, la transmission, les ruptures plus ou moins évidentes et les filiations pas toujours assumées dans le domaine de la musique.
    https://catalogue.bpi.fr/fr/document/ark:/34201

    Les formes de la musique. HODEIR André, 1990 [1951], Paris: Presses Universitaires de France (coll. « Que sais-je ?» n° 478).

    Berendt (J.-E.), Le Grand Livre du jazz, Paris, Éd. Du Rocher, traduction française P. Couturiau, 1986.

    Notre collègue spécialiste nous a signalé ces deux ouvrages pour les rapports du jazz avec la musique contemporaine :

    Rencontres du jazz et de la musique contemporaine
    Court, Jean-Michel (1959-….), Florin, Ludovic (1971-….), Laboratoire de recherches Lettres, langages et arts Toulouse
    Presses universitaires du Midi, 2015
    Publ. à l’occasion du colloque éponyme tenu à Toulouse en octobre 2013, organisé par le laboratoire LLA-CREATIS ; Notes bibliogr. ; L’ouvrage porte par erreur : ISSN 2261-1649 Postulant que le jazz et la musique contemporaine ne sont plus dissociables, les contributeurs proposent une réflexion esthétique, analytique, philosophique et musicologique sur la création musicale actuelle, soulignant les influences réciproques qui ont conduit à l’émergence de musiques dépassant les catégories existantes. S’ajoute un questionnement plus général sur les productions intermédiales. ©Electre 2015

    Polyfree : la jazzosphère, et ailleurs, 1970-2015
    Carles, Philippe (1941-….), Pierrepont, Alexandre (1973-….), Editeur Éditions Outre mesure 2016
    Bibliogr. Discogr. Index Ces 27 textes interrogent les évolutions récentes du jazz : ses relations avec les autres courants musicaux, les figures incontournables (William Parker, Steve Coleman, John Zorn, etc.), les spécificités régionales (en France, au Japon, en Afrique du Sud, etc.), la place des femmes, le rôle de la batterie et du silence, etc. ©Electre 2016
    Il conseille également les livres et articles de Laurent Cugny comme :

    La catastrophe apprivoisée : regards sur le jazz en France, 2013

    Analyser le jazz par Cugny, Laurent, 2009
    Laurent CUGNY, Une histoire du jazz en France. Tome I : Du milieu du XIXe siècle à 1929, Jazz en France, Paris, Outre Mesure, 2014, 607 p. ISBN : 978-2-907891-85-1.
    voir le compte-rendu :
    Christophe Voilliot, « Laurent CUGNY, Une histoire du jazz en France. Tome I : Du milieu du XIXe siècle à 1929 », Revue d’histoire du XIXe siècle [En ligne], 50 | 2015, mis en ligne le 01 juillet 2015, consulté le 12 avril 2017. URL : http://rh19.revues.org/4901

    Laurent Cugny, « L’idée de forme dans le jazz », Cahiers d’ethnomusicologie [En ligne], 17 | 2004, mis en ligne le 13 janvier 2012, consulté le 12 avril 2017. URL : http://ethnomusicologie.revues.org/461

    D’autres articles :

    Carine Perret, « Une rencontre entre musique savante et jazz, musique de tradition orale et les œuvres aux accents jazzistiques d’Érik Satie, Darius Milhaud, Igor Stravinsky et Maurice Ravel », Volume ! [En ligne], 2 : 1 | 2003, mis en ligne le 15 mai 2005, consulté le 12 avril 2017. URL : http://volume.revues.org/2323 ; DOI : 10.4000/volume.2323

    Article de Wikipedia Musique savante

    Emission de radio

    Jazz, musique populaire savante 02.11.2013
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/jazz-musique-populaire-savante
    Olivier Roueff est invité à La suite dans les idées pour présenter son essai sur le jazz.
    En s’appuyant sur des données variées (textes, images, sons, vidéos, etc.), Olivier Roueff propose une histoire sociale du jazz en France .Olivier Roueff est Sociologue au CNRS (CRESPPA-CSU) et spécialiste du Jazz .

    Pour une réponse spécialisée, je vous conseille le service de questions réponses de la médiathèque de la Cité de la musique http://www.citedelamusique.fr/francais/

    Cordialement,

    Eurêkoi – Bibliothèque Publique d’Information


    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *